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Corse – Alsace –Catalogne La victoire par substitution

 

 C’est par un communiqué de victoire que le parti alsacien Unser Land a accueilli le score élevé des nationalistes corses au premier tour des élections des 3 et 10 décembre 2017 à l’Assemblée de Corse. Ces élections ont pourtant de quoi laisser un souvenir amer aux Alsaciens qui avaient soutenu il n’y a pas si longtemps le projet de collectivité unique d’Alsace.

 

En effet, elles ont été organisées suite à l’institution de la Corse en collectivité unique à partir de la fusion de la région et des deux départements corses. On se souvient sans doute que le premier projet de collectivité unique corse, porté par le gouvernement Raffarin, avait été enterré, suite au Non de la majorité des électeurs corses lors du référendum du 3 juillet 2003 (49 % de Oui et 51 % de Non en pourcentage des suffrages exprimés). 10 années plus tard, le projet de collectivité unique pour l’Alsace avait également été enterré, malgré un vote positif de la majorité des électeurs alsaciens (58 % de Oui en pourcentage des suffrages exprimés). Mais en Alsace, le passage à la collectivité unique était assorti de deux conditions supplémentaires, une majorité pour le Oui dans chacun des deux départements d’une part et un pourcentage de Oui supérieur à 25 % des inscrits d’autre part, également dans chacun des deux départements.

 

Et on connait la suite : la fusion de l’Alsace dans le grand-est, sans référendum cette fois-ci, et en ce qui concerne la Corse, l’institution d’une collectivité unique à partir de 2018, également sans référendum (le vote de 2003 étant sans doute considéré comme oublié).

 

Quoi qu’il en soit, avec sa victoire aux élections à l’assemblée de Corse de décembre 2017, qui confirme et amplifie sa victoire aux régionales de 2015 et aux législatives de juin 2017 (l’élection de 3 députés corses nationalistes sur un total de 4 députés), le nationalisme corse change de dimension. Des années 1970 aux années 2000, il était minoritaire, d’un point de vue électoral, et bruyant. Et l’attitude des gouvernements français successifs à son égard consistait en un mélange de répression et de concessions, avec la succession de statuts particuliers : statut Deferre en 1982, statut Joxe en 1991, statut Jospin en 2002… La donne a changé avec l’annonce en 2014 par le FNLC de la fin de la « lutte armée ». En troquant les cagoules, les plasticages et les nuits bleues contre les urnes où il est désormais victorieux, le nationalisme corse a réussi à se hisser au niveau des nationalismes écossais, catalans ou québécois, qui gouvernent leurs régions respectives (gouvernaient en ce qui concerne le nationalisme catalan).

 

Faut-il pour autant considérer que la Corse est en train de suivre une voie catalane. Officiellement le nationalisme corse n’est pas indépendantiste. Sa composante principale, derrière Gilles Siméoni, n’est qu’autonomiste, et la composante indépendantiste, derrière Jean-Guy Talamoni, ne demande l’indépendance que dans 10 années. Certes, l’exemple catalan des dernières années montre que les positions des uns et des autres peuvent évoluer rapidement. Et comme il est peu probable que la république française accepte les revendications autonomistes corses actuelles – dont par exemple la coofficialité de la langue corse – il est possible que l’option en faveur de l’indépendance gagne du terrain en Corse dans les années futures.

 

Cependant, à la différence de la Catalogne, où le niveau de vie est supérieur à celui du reste de l’Espagne, la situation économique et démographique de la Corse joue contre l’indépendance, qui signifierait la fin des transferts financiers du continent vers la Corse. A cet égard, le nationalisme corse est dans une situation symétrique à celle des nationalismes flamands ou lombards (de la ligue lombarde) dont l’un des ressorts réside dans le fait de ne pas vouloir payer pour le reste du pays. D’un point de vue purement financier, la Corse aurait plutôt intérêt à concilier large autonomie et maintien dans la république française avec statut fiscal particulier…

 

Quoi qu’il en soit, même si la victoire des nationalistes aux élections à l’Assemblée de Corse est suivie avec sympathie par l’ensemble des dirigeants des mouvements nationalistes ou autonomistes qui se considèrent comme les représentants de « peuples sans Etat », elle est source de nombreuses interrogations pour le futur.

 

Bernard Schwengler

ovipal

Le 10 décembre 2017                                                   

                                                                                                                                                             

 

 



12/12/2017
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