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L’Alsace a-t-elle un avenir institutionnel ? Polyphonie alsacienne….et silence radio au sommet de l’Etat

 

Près de 3 années après la création du Grand Est, la question de l’avenir institutionnel de l’Alsace continue d’agiter la classe politique alsacienne. Mais il est difficile pour l’instant de savoir si cette agitation constitue les derniers soubresauts de l’onde de choc provoquée par la fusion forcée de 2014, ou bien si elle peut avoir une traduction politique susceptible d’aboutir à une nouvelle organisation territoriale.

 

Les prises de position des uns et des autres se caractérisent par un grand nombre d’options possibles, en partie contradictoires entre elles.

 

Il y a d’une part les partisans de la sortie du Grand-Est et de la reconstitution d’une collectivité régionale alsacienne. Ce point de vue, qui semblait en perte de vitesse au lendemain de la création du Grand-Est, a retrouvé de la vigueur depuis qu’il est soutenu de concert par les présidents des deux conseils départementaux bas-et-haut-rhinois Frédéric Bierry et Brigitte Klinkert et que ceux-ci, soutenus par certains parlementaires – Laurent Furst, Eric Straumann, Patrick Schellenberger - entreprennent des démarches dans ce sens.

 

Il y a d’autre part les partisans de la reconstitution d’une entité Alsace à partir de la fusion des deux départements, mais qui resterait dans le Grand-Est (Justin Vogel, Conseiller régional, Gilbert Meyer, maire de Colmar ainsi que des députés LRM…) Parmi les partisans de cette option départementale, certains, mais pas tous, demandent en outre des délégations de compétence de la région Grand-Est en faveur du département Alsace, sous forme expérimentale.

 

Il y a enfin les partisans du statu quo, dont le nouveau président du Grand Est Jean Rottner, soutenu en cela par les élus socialistes (dont Pernelle Richardot, conseillère régionale).

 

Cette incapacité des différents protagonistes à adopter une position commune nuit à l’efficacité des différentes démarches. Alors que les présidents des deux conseils départements Frédéric Bierry et Brigitte Klinkert ont rencontré le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, alsacien lui aussi, pour essayer de le convaincre des avantages d’une sortie de l’Alsace du Grand Est, les députés alsaciens LRM, avec à leur tête Sylvain Wasermann, ont pris rendez-vous avec ce même Alexis Kohler pour le convaincre du contraire.

 

Et surtout, cette profusion dans les prises de position alsaciennes tranche avec le silence radio de ceux qui ont le pouvoir de décision et qui se trouvent à l’Elysée. A la différence des ex candidats LR à la primaire de la droite et du centre de 2016, dont François Fillon, qui avaient tous exprimé un point de vue sur l’avenir de la réforme territoriale de 2014 et qui étaient prêts à revenir sur certains éléments de cette réforme (du moins l’affirmaient-ils), Emmanuel Macron n’a jamais pris position sur cette question, ni au cours de la campagne électorale, ni par la suite.

 

Certes, les élus alsaciens favorables à la reconstitution d’une entité alsacienne espèrent emporter le morceau en dépolitisant autant que possible leur démarche et en essayant de montrer qu’elle ne relève pas d’une logique identitaire mais d’une approche pragmatique correspondant à une logique de bonne gestion. Par ailleurs ils affirment s’adresser à la sensibilité girondine qu’ils croient déceler chez Emmanuel Macron et s’efforcent de croire qu’il est possible d’être à la fois Jupiter et Girondin.

 

Ils vont sans doute déchanter rapidement. Pour l’instant Jupiter ne s’est pas exprimé sur la question et il est probable qu’il ne le fera jamais. En application de la conception verticale du pouvoir qui règne à l’Elysée, c’est le préfet du Grand-Est Jean-Luc Marx qui a été chargé de transmettre le message selon lequel l’Elysée écartait toute (re)création d’une région Alsace (1).

 

Le débat autour de l’avenir institutionnel de l’Alsace reflète la profondeur du malaise alsacien, qui s’explique aussi bien par le contenu de la réforme territoriale de 2014 que par la façon dont elle a été imposée. Et il est probable qu’il va se poursuivre. Mais pour l’instant on ne voit pas très bien comment les élus alsaciens parviendront à obtenir la reconstitution d’une entité alsacienne alors qu’ils n’étaient pas parvenus à empêcher sa suppression il y a 3 ans.

 

Bernard Schwengler

ovipal

Le 28 octobre 2017                                                                                                                

                                                                                                                                                             

 

 

(1) «Il n’y aura pas de refonte de la carte régionale » Déclaration du préfet parue dans les DNA du 6 octobre 2017.

La réponse qu’a obtenu Bernard Stoessel, ancien conseil régional, de la part du chef de cabinet de la présidence de la république reflète également cette conception verticale du pouvoir « …Soyez certain que le Chef de l’Etat a pris connaissance de votre souhait que l’Alsace retrouve un statut de région administrative….il n’a pas manqué de signaler (votre) courrier à Monsieur Gérard Collomb, ministre de l’intérieur… »

 



30/10/2017
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