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Législatives 2017 Strasbourg 1 : premier tour : Michels (33%) – Schalck (24%)

Synthèse :

 

La circonscription Strasbourg 1 est composée de trois ensembles de quartiers sociologiquement très différents :

 

  • autour de l’axe avenue des Vosges-Forêt noire, plutôt classes moyennes supérieures et vote à droite,
  • au centre ville et quartier gare, plutôt petite classe moyenne, commerçants et étudiants, plutôt à gauche et à l’extrême gauche et  
  • à l’Ouest, les cités populaires avec de nombreux électeurs issus de l’immigration, plutôt à gauche et surtout abstentionnistes.

 

La circonscription est également structurée par deux votes sous influence communautaire, l’un populaire et musulman, l’autre plus aisé et juif.

 

L’élection, l’an dernier, du député Elkouby, dans le cadre de législatives partielles avait rebattu ces cartes traditionnelles. Le candidat avait perdu les voix des cités populaires, acquises jusque là, et notamment en 2012, au PS. Il avait par contre bénéficié de report de voix habituellement dévolues à la droite. Le vote communautaire avait fortement pesé sur cette élection, d’autant qu’elle a été marqué par un taux d’abstention record. Elkouby a donc été élu avec un tout petit 4288 voix (sur 55000 inscrits), trois fois moins que le candidat PS en 2012 (voir le dossier de l’ovipal sur cette question)

 

Aux présidentielles, le PS a obtenu au premier tour 4293 voix, là où Macron, nouveau venu, a obtenu 12639 voix.

 

Les législatives seront marquées par une participation plus faible, surtout dans les quartiers populaires, ce phénomène jouant en défaveur du FN et des Insoumis, dont la part populiste de ces deux électorats a tendance à s’abstenir.

 

On déduit donc, sur la base des calculs qui suivent, et avec une participation estimée de façon optimiste à 70%, que le deuxième tour opposera Thierry Michels, avec environ 12000 voix et 33% des exprimés, et Elsa Schalck avec environ 9000 voix et 24% des exprimés. Jean-Marie Brom, pour les Insoumis, sera ou non au deuxième tour (donc dans une triangulaire) en fonction du taux de participation dans les quartiers populaires. Il pourrait obtenir au premier tour 6600 voix, soit 18% des exprimés.

 

Quant au candidat PS, il ne devrait pas dépasser 3500 voix, avec moins de 9% des exprimés. Monsieur Elkouby serait donc battu dès le premier tour.

 

________________________________________________________________________________________________

 

Comment prévoir les résultats ?

 

Peut-on prévoir le résultat des élections législatives dans une circonscription donnée ? Globalement la réponse est évidemment non, compte-tenu de la part d’imprévisibilité du comportement électoral et aussi du fait que, jusqu’au dernier moment, voire dans l’isoloir, un nombre important d’électeurs n’ont pas fait leur choix définitif.

 

En même temps rien n’empêche, tout en assumant les risques liés à ce genre d’exercice, de faire des prévisions. Il y a grosso modo deux méthodes pour le faire :

 

  • Le sondage, qui, si la méthode est fiable et l’échantillon correct, permet d’établir à un temps T les choix faits par un panel d’électeurs. La méthode ne manque pas d’avantage et elle obtient certains succès. Mais elle coûte cher et s’emploie rarement au niveau d’une seule circonscription.

 

  • La prévision qui croise une double analyse : celle du comportement politique lors des précédentes élections et celle qui s’appuie sur la sociologie électorale de la circonscription.

 

C’est cette deuxième démarche que nous adoptons ici, pour non pas prédire, mais pour faire une hypothèse de prédiction des résultats du premier tour des législatives, et que nous appliquons à la première circonscription du Bas-Rhin (Strasbourg 1).

 

Les différentes choix qui ont été fait lors de cette double analyse, choix qui seront explicités plus loin dans ce texte, conduisent à faire la prévision d’une triangulaire qui opposerait au deuxième tour les candidats des Républicains, de la France en Marche et de la France insoumise. FN et PS seraient exclus du second tour et le député sortant (PS) ne serait donc pas élu, car exclu dès le premier tour.

 

Voici le détail, en %, de cette hypothèse de prédiction :

 

Strasbourg 1

(Prévision)

Participation : 69,2 %

(Prévision)

Voix

(Prévision)

% des exprimés

(Prévision)

% des inscrits

% obtenus au premier tour des présidentielles

Inscrits

55018

 

 

 

Exprimés

38051

 

 

 

FN (Didelot)

3431

9,0

 

9,2

REM (Michels)

12532

32,9

 

29,2

PS (Elkouby)

3366

8,8

 

9,9

FI (Brom)

6687

17,6

12,5

23,6

LR (Schalck)

9035

23,7

 

22,6

Autres

3000

7,9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment arrive-t-on à cette hypothèse ?

 

Tout d’abord en postulant, sur la base des précédentes législatives, une baisse de la participation.

 

Au premier tour des présidentielles 2017, sur 55018 inscrits on comptait 43301 exprimés.

 

On fait l’hypothèse, plutôt optimiste, d’un retrait de 8250 électeurs par rapport à ce chiffre et on calcule donc sur 38051 exprimés.

 

Pour mémoire, en 2012, la participation était de 52% (33017 exprimés).

 

Pourquoi cet optimisme ? Une raison simple : l’intérêt de ces élections pour l’électorat est bien supérieur à celui de 2012.

 

Ensuite en répartissant ce différentiel de participation selon les différents bureaux de vote, certains étant très abstentionnistes et d’autres beaucoup moins. La méthode retenue ici pour répartir l’abstention sur l’ensemble des bureaux de vote est un découpage de la circonscription en trois ensembles sociologiquement très distincts.

 

  • Un ensemble (A) formé par les quartiers du centre ville et de la gare composé d’électeurs plutôt jeunes et issus de la petite bourgeoisie urbaine et étudiante.

 

  • Un ensemble (B) plutôt composé d’électeurs issus de milieux populaires et, pour une partie d’entre eux issus de l’immigration : l’ouest de la circonscription, avec les quartiers de Hautepierre, de l’Elsau, de la Montagne verte.

 

  • Un ensemble (C) composé d’électeurs plutôt aisés issus de la moyenne bourgeoisie urbaine, enseignants, professions libérales et commerçantes, avec la présence d’une forte communauté juive : c’est la zone essentiellement à proximité et au Nord de l’axe Avenue des Vosges-avenue de la forêt noire.

 

 

 Des comportements électoraux très différenciés

 

Les comportements électoraux de ces trois ensembles sont très différenciés, comme le montre ces chiffres issus du premier tour des élections présidentielles :

 

Sous-ensembles :

% participation

% Mélenchon

%

Le Pen

% Macron

% Hamon

% Dupont-Aignan

% Fillon

A

82,2

25,7

6,8

31,1

12,7

2,2

18,8

B

71,4

30,5

16,2

23,2

9,4

2,9

13,2

C

83,6

17,5

5,0

32,9

9,0

1,9

31,4

Ensemble de la circo

78,7

23,6

9,2

29,2

9,9

2,3

22,6

 

On voit par exemple que dans les quartiers populaires (B), les votes Le Pen, Mélenchon, Dupont-Aignan, qui représentent un « bloc populiste », atteignent ensemble 50 %, pour seulement 25 % dans les quartiers aisés (C).

 

La participation est traditionnellement plus faible dans les quartiers populaires et elle est forte dans les quartiers aisés.

 

Suite à une analyse précédente que nous avons publié sur le site, nous faisons l’hypothèse qu’il y a (au moins) deux votes pour Mélenchon, un vote urbain, plutôt de gauche (ex-PS et extrême gauche) et un vote plus populaire et péri-urbain de nature populiste et « apolitique », prompt à se replier dans l’abstention.

 

Une abstention surtout populaire

 

Nous déduisons de cette analyse que l’abstention du deuxième tour des législatives concernera plus les quartiers populaires (B) et plus le vote France insoumise dans ces quartiers. C’est le pivot de cette hypothèse de prédiction.

 

A cela nous ajoutons une hypothèse, vérifiée au premier tour, d’un déplacement massif des voix du PS vers le candidat de REM (Macron) et vers Mélenchon. De plus, le PS a vu l’essentiel de ses voix auparavant réalisées (2012) dans les quartiers populaires s’évanouir dans l’abstention ou dans le vote Mélenchon.

 

Le candidat PS en 2012, Armand Jung, bien implanté et bénéficiant du résultat de Monsieur Hollande, avait réalisé 13 830 voix au premier tour.

 

Le candidat PS, Eric Elkouby, aux élections partielles de 2016 avait obtenu 4288 voix, notamment dans les quartiers aisés (C).

 

Le PS obtient dans la circonscription, au premier tour des présidentielles 2017, a obtenu 4293 voix (là où Macron, nouveau venu, obtient 12639 voix).

 

La prime au député sortant est en partie effacée par les mésaventures électorales du PS (et par le faible score de ce député lors de son élection).

 

On postule également ici une capacité importante de résistance du candidat LR, qui peut reprendre une partie des voix de droite et du centre qui s’était portée, pour des raisons circonstancielles, sur la personnalité du candidat Elkouby en 2016.

 

Tout cela plaide en faveur du maintien du faible nombre de voix pour le PS entre le premier tour des présidentielles 2017 et le futur premier tour des législatives.

 

Ceci nous donne cette hypothèse prévisionnelle en participation et en nombre de voix pour le premier tour des législatives 2017 :

 

 

PREVISION

Inscrits

Exprimés

Autres candidats

Didelot

Michels

Elkouby

Brom

Schalk

Bloc A

10842

7667

1000

400

2600

1000

1267

1400

Bloc B

20808

9850

1000

2050

2700

600

2000

1500

Bloc C

23368

20534

1000

981

7232

1766

3420

6135

CIRCO 1

55018

38051

3000

3431

12532

3366

6687

9035

 

 

 

 

Et en pourcentage :

 

PREVISION

Inscrits

Exprimés

Autres candidats

Didelot

Michels

Elkouby

Brom

Schalk

Bloc A

10842

70,7

13,0

5,2

33,9

13,0

16,5

18,3

Bloc B

20808

47,3

10,2

20,8

27,4

6,1

20,3

15,2

Bloc C

23368

87,9

4,9

4,8

35,2

8,6

16,7

29,9

CIRCO 1

55018

69,2

7,9

9,0

32,9

8,8

17,6

23,7

 

 

En toute hypothèse, nous devrions donc avoir au deuxième tour, soit un affrontement Michels-Schalck, soit une triangulaire, si Brom atteint les 12,5 des inscrits nécessaires pour parvenir au deuxième tour.

 

Philippe Breton

ovipal

1er juin 2017

 

 

 

Pour mémoire : candidats dans la première circonscription du Bas-Rhin

 

1 Salah KOUSSA (Nora OURAGHI) 

•2 Salah KELTOUMI (Pierrette MORINAUD) 

•3 Sabine HERVAULT (Maxence HELFRICH) 

•4 Pacha MOBASHER (Rose-Marie FACHATTI) 

•5 Pascale HIRN (Amine HANI) 

•6 Marie-Françoise HAMARD (Stéphane VÉDY) 

•7 Andréa DIDELOT (Gaëtano VESPOLI) 

•8 Christophe LEPRÊTRE (Isabelle KREPPERT) 

•9 Elsa SCHALCK (Patrick DREYFUSS) 

•10 Salomé FRANÇOIS-WILSER (Jérémie SCHWOEBEL) 

•11 Abdelkarim RAMDANE (Anny ZORN) 

•12 Nina HUTT (Pauline KIEFFER) 

•13 Saber HAJEM (Zekeriyya DURSUN) 

•14 Eric ELKOUBY (Laurence NOSS) 

•15 Hülliya TURAN (Béatrice LEJARRE) 

•16 Agnès LOPEZ (Mathias DELABORDE) 

•17 Jean-Marie BROM (Martine KREMMEL) 

•18 Thierry MICHELS (Marie-Françoise COELHO) 

 

 

voir le dossier de l’ovipal sur cette question



01/06/2017
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