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Conseil départemental : la Parité, un résultat vraiment garanti à 100% ?


Nul besoin de sondages préélectoraux -qui ont pourtant acquis une large notoriété, en France, depuis les élections présidentielles de 1965- pour établir un résultat garanti à 100% : à l’issue du second tour du scrutin, il y aura autant d’hommes que de femmes qui siègeront au sein des conseils départementaux. Mais certaines conséquences ne nous échappent t-elles pas déjà ?

Même si la parité électorale est rentrée dans la loi en 2000, les mécanismes en place n'ont jamais permis  de réaliser l'égalité parfaite entre les hommes et les femmes. Certains partis politiques préféraient par exemple payer des pénalités en ne respectant pas la parité des listes.

Par ailleurs, en ce qui concerne le Conseil Départemental rien n’encadre toutefois l’élection de l’exécutif ( président-e-s et vice-président-e-s ). La parité est donc encore loin d’être gagnée. En ce qui concerne les exécutifs aujourd’hui 95% des conseils généraux sont dirigés par un homme. Si la loi du 17 mai 2013 exige aussi la parité dans les exécutifs départementaux, il va en résulter que le nombre de vice-présidentes va donc simplement doubler…. Mais arrivera-t-on à dépasser, voire à doubler le nombre des 6 femmes qui présidaient (dans les conseils généraux sortants) ? Rien n’est moins sûr  !

Un scénario qui risque de se jouer à l’identique pour les élections régionales : si une stricte alternance femme-homme doit être respectée pour les listes de candidats, la désignation des têtes de liste n’est pas du tout encadrée. Aussi Le Haut Conseil à l’Egalité appelle t-il déjà à une «harmonisation vers le haut» des règles en place selon les différents scrutins, à travers des douzaine de propositions dont il espère qu’elles seront suivies dans le troisième volet de la réforme territoriale, en discussion à l’Assemblée nationale.

Conséquences rapides pour l’égalisation dans la société  ?

Ces binômes hommes-femmes, à stricte égalité, imposés par la loi qui s'applique pour la première fois à l'élection de tous les conseillers départementaux de France va-t-elle pour autant faire lever une nouvelle génération de femmes en politique ? Il s’agit d’une première question qui se pose car une partie de la réponse suppose également que soient repensés d’autres temps comme celui des prises en charge familiales et domestiques ou celui des temps de travail où l’inégale répartition homme-femme est généralement constatée…
Le principe de parité est déjà remis en cause et discuté sur plusieurs plans. Car cette visée égalitaire s'accompagne en même temps d'une recomposition, voire d'une aggravation, des inégalités ce que déplorent certains courants féministes et que valident les résultats d’enquêtes. Les femmes restent exclues des cercles du pouvoir politique et économique et continuent à être sur-représentées parmi les travailleurs précaires et pauvres comme le montrent les dernières enquêtes de l’INSEE.

Cette situation interroge particulièrement certaines régions dont l’Alsace fait partie ; l’Insee Alsace explique, dans une étude menée en collaboration avec la Délégation régionale au droit des femmes et à l’égalité «  qu’avec un salaire horaire inférieur de 18 % pour les salariées à plein-temps, l’Alsace est la troisième région la plus inégalitaire, après l’Ile-de-France et Rhône-Alpes, constate l’institut des statistiques. A contrario, les régions du Sud-Ouest (Limousin, Poitou-Charentes, Aquitaine) sont celles où les différences sont les moins marquées (moins de 15 %) ».
Si les Françaises attendent des améliorations immédiates de leurs conditions socio-économiques, cela prendra nécessairement du temps. Mais il faut faire le constat qu’en 16 ans de lois diverses sur la parité dans la sphère politique, les progrès sont venus des mesures contraignantes, quand les mesures incitatives ont, elles, eu très peu d’effets.

Conséquences positives pour le principe d’égalité dans la société  ?

Là encore un vieux débat qui a agité la société française et les mouvements politiques et féministes refait surface.

Un point de vue très critique de cette réforme nous renvoie à la question de l’universalisme et du danger du/des communautarisme/(s). Cette perspective est clairement développée par Anne-Cécile Robert, membre du comité de rédaction du journal « Le Monde Diplomatique » . La journaliste explique que la portée politique et philosophique de l’instauration de ces binômes homme/femme est sous-estimée dans ce qu’elle a de destructeur des fondements mêmes de notre démocratie
« …et notamment des principes républicains et humanistes. En effet, elle brise un tabou vital pour la démocratie républicaine, celui de l’unité de l’humanité par-delà les différences (ethnie, religion, conviction…). La logique paritariste dans laquelle s’est insidieusement embarqué le législateur introduit la différence des sexes dans la définition même de la souveraineté nationale. C’est-à-dire au cœur même de ce qui fonde l’unité du corps social. Une fois cette unité fondamentale brisée, la brèche ne pourra que s’agrandir. En ce sens, la parité offre, par nature, un espace au communautarisme. »

Un point de vue à l’opposé en faveur de la parité s’exprime. D’abord par les femmes qui sont investies et qui pensent que ces nouvelles élections paritaires permettront de reconnaître leurs compétences et leur engagement qu’elles pourront enfin mettre au service de la société.

Exemple typique : celui de Martine Chantecaille . Elle explique que lors des dernières élections législatives, elle avait – comme candidate– co-signé une tribune sur Médiapart intitulée « liberté, égalité, parité »  dans laquelle « nous faisions part de notre volonté de faire avancer  l’égalité réelle entre les femmes et les hommes et notamment dans le champ politique ».
« Nous, militant-e-s féministes, nous, candidat-e-s (…). Afin de lutter contre la professionnalisation et la confiscation de la vie politique, nous défendons une limitation du cumul des mandats simultanément et dans le temps. Nous nous mobiliserons enfin pour que la Constitution « garantisse » et non plus seulement « favorise » l’égalité, changement sémantique préalable à des mesures plus ambitieuses encore ».

En effet, la sémantique est reine. Aux cantonales, désormais rebaptisées "départementales", les femmes seront gagnantes car seront élues à parité… Mais qui sera vraiment « gagnant » alors que plus de la majorité des voix auront boudé les urnes. L’abstention a toujours été très élevée pour ces élections. Depuis 1982, la participation diminue de scrutin en scrutin, sans exception. Le « record » d'abstention, 55 %,avait été atteint lors du renouvellement cantonal partiel de mars 2011. L’Alsace saura t’elle surprendre à contresens sur ce plan ?

Pascal Politanski
Ovipal
version du 18 mars 2015



18/03/2015
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