. . . . OVIPAL - OBSERVATOIRE DE LA VIE POLITIQUE EN ALSACE . . . .

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L’ « extrême centrisme » de Jean-Luc Schaffhauser, laboratoire national du recyclage des vieilles idéologies par le FN ?

Les chercheurs de l’Ovipal avaient remarqué, lors d’études précédentes sur l’électorat front national en Alsace (qui a représenté très tôt jusqu’à 25 % des votants), que celui-ci avait sans doute des particularités régionales. Peu attaché idéologiquement à des thèses identifiables comme d’extrême droite (même si ce courant a aussi des adeptes en Alsace), cet électorat, volontiers inquiet, abstentionniste à l’occasion et plutôt socialement « sécessionniste », marqué aussi par les traditions centristes alsaciennes, préfigurait peut-être les futures moissons que le parti de Marine Le Pen aimerait bien engranger durablement à partir des élections municipales puis européennes.

 

Pour le dire schématiquement, et retrospectivement, une partie des électeurs alsaciens du FN relevaient plutôt sans le savoir du « Rassemblement bleu marine » que du Front National proprement dit.

 

La question est donc de savoir comment ils réagiront, au moins sur la Ville de Strasbourg, à la candidature de Jean-Luc Schauffhauser, qui, tout en adhérent au Rassemblement bleu marine et en portant les couleurs du FN pour les élections municipales revendique fièrement son appartenance au centrisme.

 

L’affaire n’est pas que locale et l’analyse fine des résultats à ces élections fournira peut-être quelques éléments d’appréciation sur la nouvelle stratégie d’ouverture du FN. Là où la nouvelle poussée du FN se fait sur les terres d’une ancienne culture ouvrière, comme dans le Nord, ou sur un terreau plus identitaire, dans le Sud, l’Alsace est un véritable terrain d’expérimentation de cette nouvelle souplesse d’adaptation, sur les terres plus politiques de l’ancien centrisme.

 

Interrogé sur ce thème par l’Ovipal lors de la conférence de presse de présentation de sa liste, le 26 février 2014 à Strasbourg, Jean-Luc Schauffauser a clairement affirmé la continuité de son appartenance au centrisme, sans y voir aucune contradiction avec son engagement électoral du moment. Il a insisté sur le fait que George Bidault, ancien résistant et dirigeant démocrate-chrétien, avait été en son temps l’un des fondateurs du FN. Le candidat, ancien collaborateur, rappelons-le, de Marcel Rudloff a même indiqué, dans sa réponse, que ce dernier lui avait dit un jour qu’ « il le verrait très bien au Front National ».

 

Assise à ces côtés, Marine Le Pen a renchéri en rappelant que son père « avait commencé sa carrière politique au centre », dans les années cinquante, qu’elle-même, n’étant ni à l’extrême droite, ni à l’extrême gauche, était aussi, en quelque sorte « au centre » de l’échiquier politique. Jean-Luc Schauffhauser se définit donc lui-même comme un centriste « conservateur social » d’ « extrême centre ».

 

 

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Jean-Luc Schauffhauser, Marine Le Pen, Julia Abraham lors de la conférence de presse du 26 février 2014 à Strasbourg (Photo : philippe breton/ovipal)

 

 

 

Au delà de la rhétorique de période électorale spécifiquement alsacienne où, plus on s’approche de la date de l’élection, plus les grands candidats se rassemblent au centre, on peut y voir en tout cas une véritable expérimentation sur le sol alsacien de la capacité du Front national à recycler les vieilles idéologies à son profit.

 

Philippe Breton



26/02/2014
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