. . . . OVIPAL - OBSERVATOIRE DE LA VIE POLITIQUE EN ALSACE . . . .

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Merci Johnny

Un hommage à Johnny Halliday ? Dans les colonnes de l’ovipal ? Et sans rapport avec l’appétence personnelle que l’auteur peut éprouver, ou pas, du fait d’avoir été dans le coup de « Salut les copains » ?

Un hommage qui sortirait du marronnier médiatique du Johnny, « monument national » et des « nécro » déjà prêtes dans toutes les rédactions ?

 

Essayons. Car Johnny Halliday a joué dans l’inconscient national, un rôle peut-être plus fondamentalement politique qu’il n’y paraît au premier abord. L’homme a été, tout au long de sa carrière un chanteur populaire, un vrai chanteur populaire, au sens où son public est d’abord celui des gens peu fortunés, qui n’étaient pas très forts en dictée, souvent lâchés par la vie, ceux qui aujourd’hui craignent pour leur identité, que plus personne ne leur garantit, ceux dont les centre ville ne veulent plus, ceux qui ont pu être tenté de faire des bêtises, souvent juste pour s’en sortir. A tout ceux-là, héritiers d’une France qui les a progressivement rendus invisibles, Johnny a rendu une sorte de fierté. Être fan de Johnny, c’était un peu redevenir fan de soi-même quand plus personne ne vous reconnaît. Du haut de ses rêves américains, de sa fortune et de ses villas, du monde des people qui tentaient de se l’approprier tout en le méprisant, Johnny ne les a jamais oublié. Il a toujours été à côté d’eux, il est resté l’un d’entre eux. Lui, et sa musique flamboyante, ont été, durant ces décennies, un des liants essentiels de ce peuple français qui ne voulait pas mourir. Faute d’être représentés dans les médias et dans la haute culture, ils étaient représentés par cette figure impossible et irritante, d’un rocker dur au cœur tendre, d’un voyou civilisé, qui répond à la violence de classe par une violence cathartique, représentée sur scène pour mieux adoucir le quotidien.

 

Dans cette période de pacification des mœurs, qui n’exclut pas la violence sourde de l’exclusion et de l’invisibilité de tout ce qui n’est pas « classe moyenne urbaine moderniste », Johnny aura joué un rôle clé. Il a réinventé le théâtre d’Eschyle, à la mode Rock and roll. Il aura mis en scène la catharsis pour tout un peuple, tenté par la délinquance de la jacquerie, impasse où le conduit régulièrement sa colère. En figurant sur scène l’acmé des sentiments les plus extrêmes, de la violence la plus sommaire à l’amour le plus romantique, il nous en a soulagé. De ce point de vue il nous manquera plus que nous ne l’imaginons.

Comme on dit maintenant en activant une ancienne valeur : respect. Et pour tout ça, merci mille fois, Johnny.

 

Philippe Breton

ovipal

6 décembre 2017

 



06/12/2017
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