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Comment expliquer l'absence de progression de Marine Le Pen ?

Pourquoi Marine Le Pen, candidate du Front national, plafonne-t-elle, voire baisse-t-elle, dans les différents sondages d’opinion ? Serait-elle victime de sa politique d’ouverture et de « dédiabolisation » ?

 

Sa campagne est pourtant dynamique, sans accident majeur, ses militants sont bien mobilisés, les dissensions internes de son parti sont jusque là sans véritable effet, son électorat est de plus en plus visible et sans complexe. Le mur d’ostracisme que de nombreux médias dressent autour d’elle n’est pas plus haut que d’habitude, et plutôt emprunt de lassitude. Ses adversaires, loin de se liguer contre elle, semblent avoir pour l’instant d’autres chats à fouetter. Rien n’indique qu’un quelconque « plafond de verre », notion bien abstraite, l’empêche de progresser.

 

Alors que se passe-t-il ? Risquons une hypothèse. Marine Le Pen est peut-être la victime de la réussite de sa politique d’ouverture, et d’ « entrée en politique », que certains ont appelé entreprise de « dédiabolisation ».

 

La dirigeante du FN a en effet multiplié les garanties que son parti avait bien engagé une rupture avec le passé. Sa dernière sortie dans cette perspective est un peu passée inaperçue, pourtant elle a donné là un gage majeur, lorsqu’elle a affirmé que, pendant la dernière guerre, la France était à Londres, du côté des résistants et du général de Gaulle.

 

Pouvait-on imaginer un signal plus fort ? C’est sans doute pour cela qu’il y a eu cette tentative, en partie réussie, de le brouiller dans une vaine – et avortée - polémique sur sa position concernant les responsabilités sur la rafle du Vel d’hiv.

Mais son électorat, lui, a bien entendu. Notamment ceux dont les attaches avec les positions traditionnelles de l’extrême droite française sont encore fortes. Ils y sont sans doute très minoritaires, mais peuvent être découragés par cette rupture politique majeure. Comme peuvent l’être ceux qui s’attendaient à un discours ouvertement xénophobe de leur candidate, là où, par exemple dans son discours de Monswiller, elle salue au contraire l’apport des étrangers à la France, au prix certes de l’assimilation républicaine (par ailleurs vieille notion de gauche…).

 

En somme, pour le dire de façon simpliste, là où elle aurait gagné des électeurs, par les garanties démocratiques que de telles positions supposent, elle en aurait perdu pour les mêmes raisons. Ce qu’elle gagne à sa gauche, elle le perd à sa droite. D’où un bilan global nul, une absence de progression et même de légères pertes.

 

Marine Le Pen s’est sans doute rendu compte de cette dynamique essouflée. Lors d’un meeting le dimanche 17 avril, elle propose, alors que ce point ne figure pas dans son programme, un « moratoire sur l’immigration légale », le temps de faire une évaluation de la situation migratoire de la France. Manière de donner des gages sur sa droite, en espérant de pas trop perdre sur sa gauche. Elle mobilise ainsi la classique stratégie politique de fin de campagne, qui consiste à élargir le plus possible le champ de son influence, en évitant une « cristallisation » trop refermée sur elle-même (danger qui guette la plupart des autres candidats).

 

Y parviendra-t-elle ? Sa politique relève-t-elle d’un grand écart mortifère ou d’une synthèse gagnante ? En tout cas l’élargissement sur sa gauche, au détriment de sa droite, se présente à long terme comme une stratégie potentiellement victorieuse, bien plus que la stratégie inverse, même si ce n’est peut-être pas cette élection qui lui permettra d’en recueillir les fruits.

 

Philippe Breton

Ovipal

18 avril 2017

 



18/04/2017
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