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Moralisme et chasse à l'homme : le cas Depardieu

Gérard Depardieu est aujourd'hui au centre d'une attention médiatique soutenue. Une émission de télévision, spécialisée dans les reportages souvent dénonciateurs, sur des sujets à scandales, a diffusé des extraits d'un documentaire qui met en scène l'acteur tenant des propos grivois, on peut le dire assez odieux.

 

Du coup, les réseaux sociaux, ces fameux réseaux sociaux, se sont enflammés pour dénoncer l'inconvenant. D'autant plus que ce dernier est maintenant l'objet de plusieurs plaintes de la part de femmes disant avoir été agressées sexuellement. Donc tout semble joué, et de loin, on se dit, nous l'avons peut-être aimé comme acteur, mais voilà un cas de plus d'homme violent qui n'aura que ce qu'il mérite.

 

Dans cette affaire je ne défends, ni n'accuse personne, je suis un modeste chroniqueur et surtout, je l'espère un homme de justice. Quand quelqu'un est convaincu d'un crime et qu'un tribunal judiciaire a statué, il n'y a pas de discussion. De nombreux auteurs de violences, d'homicides, de violences sexuelles sont condamnés régulièrement et cela n'est que justice pour les victimes.

 

Sur l'affaire précise de Gérard Depardieu, rappelons d'abord que les extraits de documentaires le mettant en scène dans la position peu avantageuse de celui qui fait des plaisanteries inconvenantes, ont été diffusé sans l'accord du réalisateur du documentaire, Monsieur Yann Moix. Il semble même que quelques uns des propos mis en cause aient été décontextualisés pour mieux charger la barque. Il ressort en tout cas que les propos captés par la caméra ont été tenus dans un espace privé, celui où l'acteur s'exprime avec des proches, même si ces propos ont été tenus devant une salariée, en l'occurence une traductrice.

 

On notera également que personne, dans son entourage, lors de ce documentaire, ne s'est plaint, même si ses plaisanteries déplacées ont pu provoquer une certaine gène. A cela il faut ajouter que la famille de l'acteur, assez unanime, ce qui est rare en pareil cas, a pris publiquement une position de soutien, sur le mode, en paroles il peut tenir des propos déplacés, mais jamais il n'a été violent.

 

Contrairement à beaucoup de personnes de ma génération, je n'ai jamais vraiment apprécié son côté éléphant timide prenant du plaisir à tout casser dans un magasin de porcelaine ne m'a jamais vraiment attiré. La provocation a des limites. Mais la question encore une fois n'est pas là.

 

Car ce que j'aime encore moins, c'est la facilité moraliste et le goût pour la chasse à l'homme qui semble être très à la mode aujourd'hui. Les réseaux sociaux s'acharnent sur Gérard Depardieu, une obscure ville belge lui a retiré le titre de citoyen d'honneur, sa statue de cire au Musée Grévin, a éré mise à la cave, et, surtout, la Ministre de la culture veut lui retirer sa légion d'honneur. Tout cela pour des propos tenus en privé et sans respect pour la présomption d'innocence. Les féministes radicales, celles-la même qui n'ont pas eu un mot pour les viols et les actes de barbarie commis contre des femmes juives par les terroristes du 7 octobre en Israel, montent au créneau contre la bête immonde.

 

A ce que je sache les raisons pour lesquelles il a eu la légion d'honneur au titre de sa contribution à la culture, comme acteur, n'ont pas disparue. On ne peut pas effacer le passé.

 

Donc, bien que je n'apprécie ni l'homme, ni l'acteur, que les propos qu'il a tenu en privé me répugnent, je considère que certains se déshonorent de vouloir le supprimer, le détruire psychologiquement, l'exterminer socialement. Pour une fois, je suis d'accord avec Monsieur Macron* !

 

Ce qu'il faut défendre, ce n'est pas Monsieur Gérard Depardieu, c'est le droit à l'outrance privée, c'est la présomption d'innocence. Ce qu'il faut défendre, c'est la morale, pas le moralisme qui conduit à la chasse à la l'homme.

 

 

Philippe Breton

ovipal

22 décembre 2023

 

 

* Cet article a été écrit et diffusé une première fois sur les ondes de la radio RCF, le mardi 19 décembre

 



22/12/2023
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