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A quel âge "faire le politique" ? Hommage à René Uhrich

Extrait de http://histoiresduniversites.wordpress.com/2014/04/23/age-pour-faire-le-politique/

 

Je ne connaissais pas le strasbourgeois René Uhrich. Il est mort hier à l’âge de 87 ans. Bien des leaders politiques contemporains (dont Manuel Vals et Benoît Hamon) ont démarré en politique sans jamais avoir jamais exercé un autre métier. Un point faible du système politique français.

René Uhrich, au contraire, a commencé tardivement sa carrière politique, en 1965. De 38 à 62 ans, il est "au côté de Pierre Pflimlin, élu au conseil municipal de Strasbourg et, jusqu’en 1989, un des vice-présidents de la Communauté urbaine (d’abord au côté de Pierre Pflimlin jusqu’en 1983, puis au côté de Marcel Rudloff)" (Les DNA du 22 avril 2014).

"Né à Strasbourg en 1927, René Uhrich a fait ses études au lycée Kléber et à Périgueux (au moment de la seconde guerre mondiale). Formé au droit et à l’économie, il était docteur en sciences économiques". Dans les années 50, moins d’1% des jeunes obtient un doctorat.

 

René Uhrich n’a jamais fait l’homme politique à temps plein. Son métier : l’action économique dans et pour l’Alsace, pour l’Europe. Les étapes de sa carrière professionnelle : "de 1950 à 1952 (de 23 à 25 ans), assistant à la SAIT, dans le textile ; de 1952 à 1969 (de 25 à 42 ans), secrétaire du Comité d’étude et d’action pour l’économie alsacienne ; de 1954-1972 (27 à 45 ans), délégué général du Comité pour l’économie bas-rhinoise ; de 1972 à 1993 (de 45 à 66 ans), directeur puis vice-président de l’ADIRA ; de 1978 à 1992 (de 51 à 65 ans), directeur général de la CCI de Strasbourg".

Docteur en sciences économiques, René Uhrich a enseigné comme professeur associé à l’université Louis-Pasteur de 1977 à 1997 (de 50 à 70 ans), apportant aux étudiants sa double expérience d’expert de l’action économique en région et en Europe et d’homme politique alsacien. Comme tout universitaire, il a publié des ouvrages dans son champ de compétences, en vente encore aujourd’hui sur Amazon : Pour une nouvelle politique de développement régional en Europe (1984), La France inverse ? Les régions en mutation (1987). Peut-être ses idées influencent-elles encore plus que jamais l’avenir de l’Europe : "2014-2020, la politique de cohésion réformée permettra d’investir jusqu’à 351,8 milliards d’euros dans les régions et villes d’Europe, ainsi que dans l’économie réelle".

Aujourd’hui, j’ai mal aux jeunes qui se lancent dès le baccalauréat obtenu dans un projet de carrière politique dont ils espèrent tirer des revenus, le plus vite et les plus hauts possibles (de 8 à 10.000 euros par mois), et ce sans envisager une seule seconde d’exercer un autre métier que celui-là. Ils devraient méditer la trajectoire de René Uhrich : entrer en politique à l’âge de la maturité et mener en parallèle une carrière professionnelle.

Le pire pour ces jeunes, sans métier autre que celui de la politique, est qu’ils ne voudront pas déchoir, revendiquant jusqu’à leur retraite un droit qu’ils estiment acquis : celui de garder un revenu élevé, très élevé. Il y a là un défi pour les partis politiques : pourquoi n’exigeraient-ils pas de tous leurs élus rémunérés (en interne ou dans les fonctions de la République) d’avoir un métier. Une idée : dire clairement aux jeunes ambitieux qu’ils n’accèderont à des fonctions politiques rémunérées qu’après l’âge de 30 ans.

 

Pierre Dubois



23/04/2014
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