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Comment transformer un écrivain en cible à abattre : à propos du débat sur Michel Houellebecq

Monsieur Houellebecq a été cette semaine la cible de violentes attaques pour des propos tenus dans une revue politique, propos supposés « racistes ». Il est même l'objet d'une plainte en justice, déposée par le recteur de la Grande Mosquée de Paris.

 

 

 

Je connais un peu l'oeuvre de cet écrivain et j'ai suivi avec attention cette polémique dans les médias. Je vais être clair et sans détour. Ces attaques me paraissent injustes (au sens aussi d'injustifiées) et irresponsables. Elles le désignent comme une cible à abattre, au sens propre comme au sens figuré. Elles restreignent encore plus l'espace du débat public et font craindre que l'écrivain ne devienne un nouveau Salman Rushdie, vivant en permanence sous la menace de fanatiques.

 

 

 

Qu'a donc dit Michel Houellebecq ? Il nous a informé qu'une partie de l'opinion française, notamment ceux qui se représentent comme des « français de souche », souhaitaient que les « musulmans » quittent le pays. Cela est conforme à ce que de nombreuses enquêtent montrent (y compris celles dont j'ai moi-même rendu compte dans ce site). Il existe bien des français qui témoignent une forte hostilité envers les musulmans, sur la base par exemple d'un doute sur leur capacité d'intégration, du fait de la nature et des préceptes de leur religion. C'est un fait sociologique, que l'écrivain a rappelé, toujours, bien sûr, en mettant des guillemets à des propos qu'il ne revendique pas et qu'il ne fait que citer.

 

 

 

Cela m'a immédiatement rappelé un autre débat, qui a eu lieu récemment au Canada, et qu'un de mes collègues québécois m'a rapporté avec précision. Une professeure d'université, dans un de ces cours, d'histoire contemporaine, je crois, avec rappelé l'histoire du mot « nègre », d'abord d'usage courant en Amérique pour désigner notamment les descendants d'esclaves, puis devenu péjoratif et utilisé par certains avec une connotation raciste.

 

 

 

Une minorité d'étudiants, se disant « éveillés » sur ces questions, a alors protesté auprès de la direction de l'université, invoquant le « racisme » de la professeure, puisqu'elle utilisait un terme à connotation raciste. Celle-ci a eu beau invoquer que, quand on fait un cours sur un phénomène, on est bien obligé de le nommer, rien n'y a fait et... elle a été licenciée. Depuis il faut parler du « mot n » (pour « nègre ») et la question se pose pour certains de mettre au pilon tous les livres où l'on trouve le « mot n ». Seuls quelques professeurs courageux, mais soutenus en général par une majorité d'étudiants, continuent d'enseigner normalement.

 

 

 

C'est au fond la même chose qui arrive à Michel Houellebecq. Que vous repreniez un propos raciste pour informer qu'il a été tenu, ou pour l'approuver, ou pour le dénoncer, qu'il y ait des guillemets ou non, tout cela est mis sur le même plan et fait de vous, comme s'il y avait une contamination, un impur, la pureté passant par l'élimination pure et simple du propos. Nous sommes au cœur d'une démarche en quelque sorte magique, qui croit qu'en supprimant le mot on supprime la chose. En oubliant que, dans le cas du propos raciste, ne pas pouvoir le nommer nous empêche de le critiquer.

 

 

 

Tout cela ne serait que glose linguistique sans intérêt si, dans le monde réel, cette radicalité un peu puérile n'en rencontrait pas une autre qui elle, est tout simplement homicide. Quand Samuel Paty, dans son enseignement, cite, avec des guillemets, les caricatures du prophète, on le fait taire en l'égorgeant au coin de la rue.

 

 

 

Ces attaques contre Michel Houellebecq ne sont pas seulement injustifiées, elles sont totalement irresponsables. Elles font de lui une proie facile pour les extrémistes islamistes qui aiguisent leurs couteaux dans l'ombre. Si, par malheur, il devait arriver un drame, ceux qui ont lancé ces attaques, ceux qui les ont relayées, auront tout simplement du sang sur les mains.

 

 

 

Philippe Breton

ovipal

30 décembre 2022

 



30/12/2022
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