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Emmanuel Macron peut-il disposer d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale ?

Retour sur les élections de 1958 et de 1962.

 

Il est évidemment impossible de prévoir quels seront les résultats des législatives des 11 et 18 juin prochain. Les tentatives d’extrapolation qui sont faites ici ou là à partir des résultats du premier tour de la présidentielle ne peuvent qu’être hasardeuses. Même en supposant que les pourcentages en voix des 4 principaux mouvements politiques – Les Républicains en marche, Les Républicains, France insoumise et Front national – correspondent à peu près aux scores de leurs candidats respectifs du premier tour de la présidentielle - ce qui n’est pas certain du tout – il ne serait pas possible d’en déduire, pas même de façon approximative, le nombre de députés que pourrait obtenir chacun d’entre eux, dans la mesure où avec le mode de scrutin majoritaire, en vigueur aux législatives, un faible écart de voix peut avoir des effets très importants en nombre de sièges.

En revanche il est possible de se baser sur l’histoire électorale de la Ve République pour essayer d’esquisser les scénarii possibles.

 

Selon un premier scénario, les Républicains en marche, qui sont en train de se constituer en parti politique, obtiendraient la majorité absolue des sièges. Il s’agit du scénario selon lequel les législatives seraient des élections de confirmation de la présidentielle. La crédibilité de ce scénario repose sur plusieurs antécédents. En 1981, les Français, après avoir élu François Mitterrand à la présidence de la République, envoyèrent une majorité absolue de députés socialistes à l’Assemblée nationale. Et depuis le passage du septennat au quinquennat, qui a eu pour effet de faire coïncider dans le temps les présidentielles et les législatives, toutes les élections législatives furent des élections de confirmation, et permirent au parti dont était originaire le président nouvellement élu d’obtenir la majorité absolue à l’Assemblée nationale, l’UMP en 2002 et en 2007, suite à l’élection respectivement de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy et le parti socialiste en 2012 (en comptant cependant ses alliés divers gauche) suite à l’élection de François Hollande. On pourrait par conséquent penser qu’il en sera de même pour La République en marche en juin 2017.       

   

Il peut cependant y avoir plusieurs obstacles entre la coupe et les lèvres. Le scénario élections de confirmation ne se produit pas toujours dans sa version maximale. En juin 1988, un mois après la réélection triomphale de François Mitterrand, les socialistes n’atteignirent qu’une majorité relative à l’Assemblée nationale (275 députés sur 575). Et surtout, les exemples invoqués en faveur de la thèse élections de confirmation sont ceux d’un triomphe électoral d’un parti établi, et non d’un parti qui vient de se créer.

 

Pour des exemples correspondant à un parti nouveau, il faut remonter aux législatives de 1958 – et dans une certaine mesure à celles de 1962.

Aux législatives de novembre 1958, deux mois après le référendum sur les institutions de la Ve République (83 % de Oui), alors que Charles de Gaulle était président du Conseil depuis 5 mois (il fut élu président de la République en janvier 1959), le parti gaulliste, l’UNR, qui avait un mois d’existence, remporta 206 sièges (sur un total de 465 sièges en métropole). Le gouvernement nommé par Charles de Gaulle bénéficia d’une majorité à l’Assemblée nationale du fait du soutien du CNI (117 sièges) et du MRP (64 sièges).

 

Il en alla de même aux législatives de novembre 1962. Elles furent provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale, réponse de Charles de Gaulle à la motion de censure votée contre le gouvernement Pompidou, suite à son projet de référendum sur l’élection du président au suffrage universel. Cette fois-ci l’UNR était opposée à l’ensemble des autres partis. Et malgré le succès au référendum de septembre (61% de Oui), elle obtint non pas la majorité absolue mais une majorité relative de sièges (233 sièges sur 487). Au bout du compte, les gaullistes purent continuer à gouverner grâce au ralliement de 35 députés Républicains indépendants, derrière Valéry Giscard d’Estaing (transfuges du CNI)

 

Sur la base des scénarii de 1958 et de 1962, les Républicains en marche auraient besoin pour gouverner, après les législatives de juin, de constituer une coalition avec d’autres partis politiques. Et selon le nombre de députés qu’ils auraient réussi à obtenir, il pourrait s’agir d’une grande coalition (comme en 1958) ou d’une coalition basée sur le ralliement de quelques dizaines de députés en provenance d’un autre parti politique (comme en 1962).

 

Bernard Schwengler

Ovipal

20 mai 2017   

 



20/05/2017
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