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Hamon ou comment promettre la lune pour attirer l’attention sur soi.

Dans le catalogue des petites manipulations politiques, il y a un chapitre particulier que l’on pourrait intituler « comment promettre la lune pour attirer l’attention sur soi ». C’est ce coup politique, pourtant peu glorieux, qu’a opéré, avec succès, Benoit Hamon, dans la campagne pour le premier tour des primaires de gauche.

Le procédé est simple. Dans un contexte où les fractures sont réelles mais où personne n’a plus aucune idée nouvelle pour les alimenter, il faut trouver à se distinguer. Trouver une belle idée, une réforme astucieuse mais puissante, une stratégie véritablement novatrice n’est pas à la portée de tous. Mais au fond peu importe, l’important est de faire parler de soi, de faire converger les regards, voire les attaques, position toujours bienvenue car elle vous met au centre.

Donc il convient d’imaginer une lune adéquate, en l’occurrence une mesure radicale, de préférence irréaliste et irréalisable, pour pouvoir mieux faire rêver un auditoire, ici de gauche, et qui ne demande que cela, rêver, le réalisme lui ayant couté son identité.

Monsieur Hamon a donc réinventé le « revenu universel », sorte de nouveau communisme pragmatique, qui effacerait d’un seul trait de plume, la pauvreté, l’inégalité, la différence entre français et immigré. Il ne reste plus, cette mesure appliquée, qu’à supprimer les salaires et le tour est joué : tous égaux enfin, dans l’universalité. Cette envolée dans les profondeurs de l’imaginaire de la gauche radicale a suscité un double mouvement. D’abord l’ire de tous les responsables politiques, atterrés et indignés de tant d’irresponsabilité, ensuite l’élan affectueux du peuple de la gauche de la gauche, le seul finalement qui puise assez de ressource dans le rêve pour se motiver à aller voter à la primaire. Les réalistes de gauche, eux, sont restés chez eux, autour d’un grog chaud bien chargé. Pour oublier.

Tout sourire et pas peu fier du coup politique qui s’est joué sur le plateau du dernier débat entre les candidats (où l’on a disserté pendant une heure sur une mesure que tous savent tout simplement irréalisable, y compris son promoteur, et sous le regard désespéré d’un Montebourg qui a vu, lui, la manœuvre se dérouler sous ses yeux), Hamon en a profité pour écrire, en sous-titre de sa possible victoire dimanche prochain, qu’être président de la République ne l’intéressait pas vraiment. Peut-être la prochaine fois. On verra. Cet éternel permanent du PS  n’aurait-il finalement pour horizon que les quatre murs de la rue de Solferino ? N’a-t-il monté ce coup fumeux que pour se venger d’y être, depuis toujours, le « petit Benoit » ?

Tout cela, plus quelques péripéties comme la poursuite de l’habituel tripotage des élections internes, sorte de sport habituel chez les socialistes, montre l’état de déliquescence de la gauche française, qu’un coup politique du niveau d’un TP pour étudiants en communication de troisième année, suffit à mettre sens dessus dessous.  Et pour longtemps.

 

Philippe Breton

Ovipal

24 janvier 2017



24/01/2017
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