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La Laïcité n’est pas une « option » de l’histoire des démocraties libérales : elle reste son fondement et son avenir !

La Laïcité est, à la fois, un processus et un fondement historique incontournable de l’avènement des démocraties libérales. Le libéralisme politique est né de la laïcisation des modes de pensées et des modes de vie dans les sociétés … et non l’inverse. Sans visée laïque, depuis le 17ème siècle, les démocraties libérales n’auraient pas pu « naître » et « croître » car l’inquisition, puis les Guerres de religions, auraient emporté toute forme d’humanité et d’  « individualité » sur leur passage. A l’évidence, l'Europe, ses politiques et son « projet citoyen » constituent une chance pour la laïcité, une preuve de la nécessité de la démarche politique construite autour de la laïcité  … et certainement pas une menace à son égard ! même si l’Europe n’utilise pas le mot « Laïcité »

 

Aujourd’hui, dans les démocraties libérales, les droits des individus sont fondamentalement garantis par ce principe de laïcité… à un moment où, pourtant, certaines représentations et certains courants de pensées tentent de faire passer la laïcité [en dépit des attentats des 7 et 9 janvier 2015 derniers], soit pour une conception obsolète de l’organisation politique et sociale, soit pour une conception visant à « stériliser » les dimensions identitaires et culturelles présentes dans la société…

 

En France, depuis l"affaire du foulard", du collège Gabriel-Havez de Creil (Oise), lorsque le principal d'un collège de Creil refuse l'accès de l'établissement à trois élèves musulmanes portant le voile islamique (le 6 octobre 1989), la société française n'a de cesse de débattre au sujet de son principe fondateur, qui est celui de la laïcité. Tantôt il s’agit d’insister -au nom d’un principe identitaire et sécuritaire- sur le déficit d’intégration de certaines catégories de populations, tantôt, convient-il de dénoncer le déclin des politiques publiques en matière d’intégration. Une autre perspective, quant à elle, émerge en insistant sur l’idée que l'on puisse, au nom de la laïcité, intervenir ainsi dans la vie privée des gens, que l'on puisse  « malmener » leurs convictions et leurs identités personnelles … Cette représentation découle de la laïcité dite « d'abstention », elle-même conséquence de l'interventionnisme de l'Etat français dans le domaine religieux. N’oublions par exemple, que Napoléon Ier (signe le concordat en 1801 avec pape Pie VII) car l’Empereur veut mettre l’Église catholique, toujours très influente, à son service.

 

Un « débat européen » fécond pour la notion de laïcité « à la française »

 

Certes les religions demeurent une affaire personnelle, mais pas seulement. Elles constituent un fait social. En France, pas moins qu'ailleurs, l'Etat a une longue pratique des relations avec les Eglises et les communautés religieuses. Dans la pratique, la question de l'accueil à l'école d'élèves appartenant à des minorités religieuses se pose dans tous les pays européens. Dans tous ces pays européens, la puissance publique n’ignore pas ce fait. Des démarches à caractère laïque favorisent la concorde et l’entente entre individus, communautés et nationalité(s).

 

Ce que l'Europe et ce que les États européens construisent- est bien une Europe laïque ou à « orientation laïque » devrait-on dire. S'il existe différentes conceptions et pratiques de laïcités qui varient selon les histoires et les contextes des pays, nombre des 47 pays membres du Conseil de l’Europe ont franchi ce que l’historien de la laïcité Jean Baubérot appelle « un seuil minimal de laïcité». Enfin les travaux du Conseil de l’Europe montrent qu’à peu près partout se manifeste le besoin de rappeler une conception publique et laïque de la société et de son école… car la laïcité reste, à la fois une notion historique et moderne, porteuse de principes universels. Certes ces principes ont été portés en toute singularité en France mais ils se déclinent, ici et là, par diverses façons de la mettre en œuvre dans les sociétés européennes selon les contextes. A ce titre, si l’exemplarité française, est tue, elle reste néanmoins en arrière-plan, comme un modèle de référence d’ailleurs  assez mal ‘‘valorisé’’ à l’étranger !

 

Pascal Politanski

(Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques / Ovipal)

version du 19 mai 2015



19/05/2015
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