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Le chagrin des socialistes

Il n’est pas toujours facile pour un parti politique, appartenant à la majorité présidentielle, de pouvoir concilier le soutien aux impulsions émanant du centre (l’exécutif, la majorité parlementaire, les instances nationales du parti politique) et les demandes émanant de la périphérie (le terrain où se trouvent les électeurs). En principe une opération de ce type suppose 

(suite de la page d'accueil)

 

un travail dans une double direction :

-       Relayer vers la périphérie les décisions prises au centre.

-       Influencer le centre pour faire en sorte que les décisions prises tiennent compte des demandes de la périphérie.

 

La position dans laquelle se trouvent les socialistes alsaciens par rapport aux différents projets de réforme territoriales qui se succèdent depuis 2013 permet d’illustrer cette dialectique. Le projet de 2013 était le projet de Conseil unique d’Alsace, initié par le Président du Conseil régional Philippe Richert. La position du centre (tête de l’Etat) était indéfinie. Les socialistes alsaciens par conséquent n’avaient pas à gérer de tension entre le centre et la périphérie. Ils ont adopté une position également indéfinie (soutien dans le Haut-Rhin et abstention dans le Bas-Rhin).  Et en fin de compte les électeurs bas-rhinois votèrent Oui au deux-tiers alors que le Non l’emporta dans le Haut-Rhin.

 

Avec le projet de grande région Alsace-Lorraine, la configuration était différente. Le projet émanait du centre (le découpage des grandes régions ayant été effectué directement par l’Elysée). Le fait que Philippe Richert ait dans un premier temps repris à son compte ce projet a eu pour effet de diviser l’UMP et de rendre très difficile l’organisation d’une opposition importante à ce projet. Pour les socialistes alsaciens, la tension entre l’impulsion émanant du centre et les demandes de la périphérie était minimale. Il leur suffisait de reprendre à leur compte le projet émanant du centre, ce qu’ils ont fait.

 

La nouvelle carte des régions adoptée en juillet 2014, sous l’influence du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, a mis fin à cette situation. Elle a d’une part montré que sur ce dossier les socialistes alsaciens ne parvenaient pas à influencer les décisions prises par le centre (et par conséquent ne parviennent pas à assumer l’une des deux fonctions d’un parti majoritaire en termes de lien entre le centre et la périphérie).  Elle a d’autre part ressoudé l’UMP et a eu pour effet de relancer le projet de Conseil unique. Par rapport à une alternative opposant la grande région Alsace-Lorraine-Champagnes-Ardennes au conseil unique d’Alsace, ils se trouvent dans la position de ceux qui refusent de choisir et se tiennent à égale distance entre les deux termes. Les députés alsaciens se sont certes abstenus sur le projet de grande région mais ils s’opposent également aux initiatives allant dans le sens du conseil unique.

 

Pour sortir de la situation de hors-jeu dans laquelle ils se trouvent, ils s’efforcent d’une part de montrer que l’option Alsace-Lorraine reste possible et d’autre part de retrouver leur rôle d’intermédiaire privilégié entre le centre et la périphérie. C’est ainsi qu’ils ont fait état du contenu d’une rencontre qu’ils ont eu avec Manuel Valls début octobre. Celui-ci leur aurait assuré que toutes les options étaient possibles et que d’autre part, même en cas de très grande région, Strasbourg resterait capitale régionale.

 

Bernard Schwengler

ovipal

 

version du  16 octobre 2014

 



16/10/2014
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