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Le Front national aux Municipales en Alsace : le retour

Aux municipales de 2014 le Front national était présent dans 9 communes alsaciennes, dont Strasbourg et Mulhouse, avec des listes ayant pris la dénomination de Rassemblement Bleu  Marine. Au premier tour, ses scores furent supérieurs à 20% des suffrages exprimés dans l’ensemble de ces communes, à l’exception cependant de trois d’entre elles (Strasbourg, Herrlisheim et Wissembourg). Et c’est à Sarre-Union, dans le cadre d’un duel avec le maire sortant que le Front national obtint son meilleur résultat avec un score-fleuve de 41% des voix. Au second tour, ses scores furent cependant en général en retrait par rapport aux ceux du premier tour.

 

Vote FN aux municipales de 2014

(en pourcentage des suffrages exprimés)

 

                                   1° tour                                   2° tour

Strasbourg

11

8

Barr

21

16

Haguenau

21

pas de second tour

Herrlisheim

13

9

Sarre-Union

41

pas de second tour

Wissembourg

13

10

Mulhouse

22

18

Ensisheim

27

28

Illzach

33

pas de second tour

 

 

Avec les municipales de 2014 le Front national met fin à une traversée du désert municipale de près de 13 années qu’il avait entamée à partir des municipales de 2001 et qui s’était poursuivie avec celles de 2008. En effet, aux municipales de 2001 et de 2008 il n’était présent qu’à Strasbourg et à Mulhouse et ses listes avaient eu des scores modestes.

 

Vote FN aux municipales de 2001 et 2008

(en pourcentage des suffrages exprimés)

 

 

 

2001

2008

Strasbourg

7

3

Mulhouse

7

10

 

 

En fait, en 2001, le Front national subissait les conséquences de la scission intervenue en 1999 et du fait qu’en Alsace la plupart de ses élus étaient allées au Mouvement national républicain de Brunot Mégret. En 2001, le MNR avait été en mesure de présenter des listes dans 8 communes dont Mulhouse et par ailleurs le mouvement Alsace d’Abord présentait une liste à Strasbourg. A Mulhouse,  la liste MNR dirigée par Gérard Freulet avait obtenu 20% des voix, soit un score bien supérieur à la liste FN dirigée par Patrick Binder (7% des voix). Et à Strasbourg le score de la liste AD était supérieur à celui de la liste FN (9% contre 7% des voix)

 

 

 

 

Vote AD et MNR aux municipales de 2001

(en pourcentage des suffrages exprimés)

 

Strasbourg

9

Bischwiller

11

Hoehnheim

16

Illkirch-Graffenstaden

18

Obernai

10

Mulhouse

20

Colmar

7

Kingersheim

10

Saint-Louis

6

 

En 2008 le MNR avait certes cessé d’exister en Alsace mais le Front national ne s’était pas encore reconstitué et par ailleurs il subissait les effets de sa contreperformance électorale à la présidentielle de 2007.

 

En fait, pour le Front national, les municipales de 2014 constituent le retour à une configuration qu’il avait connue aux municipales de 1989 et en 1995, où il avait été en mesure de présenter des listes dans 8 communes, dont Strasbourg et Mulhouse.

 

Vote FN aux municipales de 1995

(en pourcentage des suffrages exprimés)

 

Strasbourg

9

Bischheim

20

Illkirch-Graffenstaden

17

Schiltigheim

13

Mulhouse

30

Colmar

11

Cernay

20

Saint-Louis

12

 

 

Vote FN aux municipales de 1989

(en pourcentage des suffrages exprimés)

 

Strasbourg

14

Bischwiller

17

Haguenau

9

Saverne

17

Mulhouse

21

Colmar

13

Illzach

14

Saint-Louis

8

 

La sociologie du vote FN cependant a évolué de 1989 à 2014. Alors que ses scores stagnent ou même régressent dans les deux principales agglomérations alsaciennes, ils progressent fortement dans les villes de moindre importance. Cette évolution vers un vote FN élevé dans les zones périurbaines et rurales avait pu être constatée dès les années 1990 pour l’ensemble des scrutins autres que les municipales (scrutins présidentiels, législatifs, régionaux et européens). Pour les élections municipales cependant, l’émergence du vote FN en zone périurbaine et rurale est contrecarrée du fait de la difficulté à présenter des listes dans les communes ayant une population peu élevée.[1] Mais les municipales de 2014 ont montré que lorsqu’une implantation militante locale lui a permis de présenter une liste, elle a obtenu en général des scores élevés.

 

Bernard Schwengler



[1] D’une façon générale il est plus difficile de présenter des listes dans les petites communes que dans les grandes communes car le nombre de conseillers municipaux par habitant y est plus élevé. Par ailleurs, les élections municipales sont moins politisées dans les petites communes que dans les grandes communes. Il est par conséquent particulièrement difficile pour des partis politiques de présenter des listes dans les petites communes.



01/04/2014
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