. . . . OVIPAL - OBSERVATOIRE DE LA VIE POLITIQUE EN ALSACE . . . .

Les législatives de 2017 n’avaient pas mis fin au particularisme électoral de l’Alsace. Alors que la France dans son ensemble passait du rose au jaune (une Assemblée nationale avec 300 députés socialistes, élue en 2012, remplacée en 2017 par une Assemblée nationale avec 350 députés macronistes), l’Alsace restait majoritairement en bleu (9 députés LR élus en 2017, sur un total de 15). Cette bonne tenue de LR aux législatives de 2017 en Alsace faisait écho au score relativement élevé de François Fillon au 1er tour de la présidentielle de la même année (22 % des voix en Alsace contre seulement 21 % à Emmanuel Macron).

Pour les législatives de 2022, la question se pose évidemment sous un jour différent après les 4 % de Valérie Pécresse à la présidentielle en Alsace (4,5 % au niveau national). Les législatives cependant ne constituent pas la réplique pure et simple de la présidentielle. LR dispose en Alsace d’atouts importants : une bonne implantation territoriale, un maillage important d’élus locaux, le fait que dans plusieurs circonscriptions rurales, les candidats LR sont des députés sortants qui sollicitent le renouvellement de leur mandat – Patrick Hetzel à Saverne, Philippe Meyer à Molsheim, Jacques Catin à Kaysersberg et Raphaël Schellenberger à Thann.

En fait, en 2017, ce sont principalement les circonscriptions de Strasbourg qui sont passées à LRM, cad des circonscriptions qui traditionnellement votent davantage à gauche que l’Alsace dans son ensemble (1). Le fait qu’Emmanuel Macron ait commencé sa trajectoire politique dans un gouvernement socialiste permet d’expliquer la percée initiale de LRM auprès d’un électorat plutôt de centre-gauche.

Et parmi les 4 circonscriptions strasbourgeoises ayant élu des députés macronistes en 2017, deux ont placé Jean-Luc Mélenchon en tête au premier tour de la présidentielle de 2022. Il s’agit de Strasbourg-centre, la circonscription détenue par le socialiste Armand Jung de 1997 à 2016 puis par le socialiste Eric Elkouby de 2016 à 2017 et de Strasbourg-Illkirch, détenue par le socialiste Philippe Bies de 2012 à 2017 (2). Dans ces circonscriptions là, les candidats de la NUPES, Sandra Regol (NUPES-EELV) à Strasbourg-centre et Emmanuel Fernandes (NUPES-LFI) à Strasbourg-Illkrich ont des chances de l’emporter face aux candidats macronistes, respectivement Alain Fontanel et Sylvain Waserman.

Il sera intéressant à cet égard d’observer dans quelle mesure le déplacement idéologique du macronisme vers la droite qui s’est opéré de 2017 à 2022 se traduira par un déplacement de son centre de gravité électoral en Alsace de l’agglomération strasbourgeoise vers le reste de Alsace :

• Dans quelle mesure les candidats macronistes parviendront-ils à supplanter les candidats LR dans les circonscriptions situées en dehors de l’agglomération strasbourgeoise (des circonscriptions conservées dans leur grande majorité par LR en 2017) ?

• Dans quelle mesure les candidats macronistes parviendront-ils à résister face aux candidats de la NUPES dans les circonscriptions de l’agglomération strasbourgeoise ?

De la façon dont s’effectuera ce déplacement électoral dépendra la couleur politique de l’Alsace au lendemain des législatives, une Alsace bleue dans les zones rurales et jaune à Strasbourg ou bien une Alsace bleue et jaune dans les zones rurales avec des teintes de vert, voire de rouge, à Strasbourg.

3 juin 2022

Bernard Schwengler

OVIPAL

(1) Parmi les 6 circonscriptions remportées en 2017 par LRM, il y avait les 4 circonscriptions strasbourgeoises (dont Strasbourg-Campagne) ainsi que Haguenau et Mulhouse-Illzach.

(2) En 2017, les députés sortants socialistes Eric Elkouby et Philippe Bies ont été battus respectivement par les candidats LRM Thierry Michels et Sylvain Waserman.