10 septembre prochain : retour des gilets jaunes ?
Assiste-t-on à une tentative de réveiller et de redynamiser le mouvement des gilets jaunes ? Les réseaux sociaux bruissent actuellement d'un nouvel appel à la mobilisation qui y ressemble fort, même si aucune référence à ce mouvement n'y est faite.
Il s'agit de l' « appel national à la solidarité du peuple pour un arrêt total général et illimité du pays à partir du 10 septembre 2025 ». Les auteurs, anonymes, de l'appel, disent se tenir à l'écart des syndicats et des partis politiques et présentent leur action comme « pacifique pour dénoncer les injustices et reprendre le pouvoir collectivement ». Ils donnent une liste de rassemblement dans plusieurs villes de France, avec lieu et heure. L'un d'entre eux aurait lieu à Strasbourg, sans autre précision pour le moment. L'analyse de leur premiers textes, notamment sur le site https://mobilisation10septembre.blog/, fait apparaître d'abord, comme au début du mouvement des gilets jaunes, un ressenti exprimé en termes forts, dont voici une courte liste :
« citoyens épuisés »
« invisibles »
« pressés comme des citrons »
« vaches à lait »
« à sec »
« victimes d'un racket en bande organisée »
« sacrifiés silencieusement »
« toujours les même qui payent »
Les politiques y sont décrits comme des « assistés ». On y trouve ensuite 3 mots d'ordre : « Boycott – désobéissance - solidarité », et le désir d'une « société plus équitable ».
C'est tout. Il y a un fort contraste entre le moyen d'action proposé, arrêt de travail, arrêt de la consommation, occupation des préfectures, ce qui n'est pas rien, et le discours de justification, assez léger et qui dépasse à peine l'étape du ressenti.
Nous avions, à l'ovipal, au début du mouvement des gilets jaune, publié, le 16 novembre 2018, un article intitulé « Le retour de la dignité ». Je concluais l'article par ceci : « Si affirmer ce que l’on est, sortir de l’ombre et chercher la lumière, « apparaître dans l’espace public », comme le disait si bien Hannah Arendt, grâce à la prise de parole, pour s’y affirmer comme citoyen est bien le ressort essentiel d’une identité retrouvée, alors ce gilet jaune signe, pour beaucoup, le retour de la dignité. »
Cela s'applique tout à fait à ce mouvement du 10 septembre et à ce qu'il exprime comme ressenti. Sauf que l'action des gilets jaunes, on s'en souvient, a sombré dans la violence du fait de sa récupération par les voyous et les casseurs, mais aussi de sa propre incapacité à s'organiser. La crise du covid a contribué à l'étouffement de cette revendication de dignité.
Si ce nouveau mouvement n'est pas une flambée de paille comme il y en a tant sur les réseaux sociaux, il rencontrera l'obstacle auquel toute jacquerie est confronté : le débouché du ressenti dans la violence, la transmutation de la frustration en impuissance.
Donc rendez-vous le 10 septembre. Ou ce sera un jour comme les autres, mais le problème restera entier, celui d'une société qui méprise et pousse à la sécession une partie des siens, ou quelque chose se passera, qui ressemblera à un saut dans l'inconnu.
Philippe Breton
ovipal
26 juillet 2025
A découvrir aussi
- La réaction des français musulmans, clé du problème terroriste
- Strasbourg sous l’emprise des 3 V ? Episode 2 : V comme Vegan
- Gilet jaune, le retour de la dignité ?
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 900 autres membres