. . . . OVIPAL - OBSERVATOIRE DE LA VIE POLITIQUE EN ALSACE . . . .

On se souvient qu’aux européennes de 2014, deux années après les 28 % de François Hollande au premier tour de la présidentielle, les socialistes avaient effectué une contreperformance au niveau national (14 % des voix), dans la circonscription Est (13 % des voix) et en Alsace (un petit 12 %) mais pas à Strasbourg, où leur liste était arrivée en tête avec 23 % des voix.

Certes, depuis les municipales de 1989, des scores socialistes plus élevés à Strasbourg qu’au niveau national sont monnaie courante. Mais en 2014, le caractère inhabituellement élevé du surplus de vote socialiste à Strasbourg avait été interprété comme un vote spécifique en faveur de Catherine Trautmann, qui figurait en seconde position sur la liste socialiste de la circonscription Est, après avoir été rétrogradée derrière le syndicaliste Edouard Martin par les instances nationales du PS. Ce vote strasbourgeois apparaissait à la fois comme l’expression d’une indignation face à cette rétrogradation, considérée comme injuste et arbitraire, et comme le résultat d’une volonté de permettre à Catherine Trautmann d’être élue malgré tout.

Peut-on envisager l’existence d’un vote strasbourgeois spécifique en faveur de la liste PS-place publique cette fois-ci ? La représentante strasbourgeoise sur cette liste, qui n’est plus Catherine Trautmann mais Anne-Pernelle Richardot, vient également de faire l’objet d’une mesure de rétrogradation. Après avoir été annoncée pour la 8^e place, elle ne figure finalement qu’en 12^e position. Mais l’analogie s’arrête là. Et il n’est pas sûre qu’elle soit suffisante pour susciter un vote strasbourgeois spécifique en faveur d’Anne-Pernelle Richardot qui aille au-delà du vote socialiste, que l’ensemble des instituts de sondage prédisent comme très faible au niveau national.

De nombreux facteurs, qui pouvaient inciter les strasbourgeois à voter en faveur de Catherine Trautmann en 2014 (et par conséquent pour la liste socialiste) n’existent plus en 2019 :

• En 2014, Catherine Trautmann, bien que rétrogradée en seconde position, était en position éligible (même si finalement elle n’a pas été élue). Voter pour elle dans une perspective de vote utile pouvait avoir un sens. En 12^e position, Anne-Pernelle Richardot n’est pas en position éligible.
• En 2014, un vote en faveur de Catherine Trautmann pouvait être un vote en faveur de l’ancienne maire de Strasbourg, la personne la mieux à même de défendre au parlement européen la place de Strasbourg comme siège du parlement européen. En 2019, le rôle de l’ancienne maire de Strasbourg candidate aux élections européennes est occupée par Fabienne Keller, candidate sur la liste LRM.
• En 2014, un vote en faveur de Catherine Trautmann pouvait être un vote en faveur d’une député européenne sortante qui avait fait ses preuves dans la maitrise des dossiers au parlement européen. En 2019, la député européenne sortante alsacienne est Anne Sander, candidate sur la liste LR.
• En 2014, le surplus de vote socialiste strasbourgeois aux européennes faisait suite à la victoire socialiste à Strasbourg aux municipales de mars 2014, obtenue à l’arraché au second tour, après un premier tour difficile. Cette fois-ci, les municipales ont lieu non pas avant mais après les européennes. Et c’est le vote strasbourgeois aux européennes qui sera utilisé comme indicateur probable pour les prévisions pour les résultats des municipales de l’année prochaine. Et si le score de la liste PS-place publique n’est pas plus élevé à Strasbourg qu’au niveau national, la partie apparaitra comme vraiment très difficile pour les socialistes strasbourgeois aux municipales de l’année prochaine.

11 mai 2019                                                                                                                        

Bernard Schwengler

ovipal