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Jean Rottner peut-il rester président du Grand est ?

Le Mouvement pour l’Alsace (MPA) et le groupe "Alsace et territoires".

 

Avec la création en janvier 2019, à quelques jours d’intervalle, du Mouvement pour l’Alsace (MPA), dont l’objectif est la création d’une collectivité territoriale alsacienne à compétences élargies, et du groupe Alsace et territoires au sein du Conseil régional du Grand-est, issu d’une scission dans le groupe majoritaire LR-UDI (qui est également le groupe d’appartenance du président de région Jean Rottner), le mouvement de contestation de l’appartenance de l’Alsace au Grand-est vient de changer de dimension.

 

Jusqu’à présent, bien que ce mouvement de contestation existe depuis 2014, son effet sur le système partisan alsacien s’était fait sentir essentiellement à la marge de ce système, avec l’émergence électorale d’Unser Land (UL). Avec la création du MPA et d’Alsace et territoires, c’est désormais le cœur du système qui est atteint.

 

Certes, dans l’immédiat, la création du groupe Alsace et Territoire, avec 5 conseillers régionaux, ne remet pas en cause la prépondérance arithmétique du groupe majoritaire au Conseil régional du Grand-Est (qui passe de 104 à 99 membres), sur laquelle repose la présidence de Jean Rottner.

 

La question se pose de façon différente dans la perspective des élections régionales et départementales de 2021 du fait de risque de scission que fait courir le MPA pour les fédérations Les Républicains (LR) des Bas-Rhin et Haut-Rhin. En effet, le MPA, dont le président, André Reichardt, est l’un des 5 conseillers régionaux d’Alsace et territoires (et qui avait été exclu du groupe majoritaire en décembre 2018) rassemble un grand nombre de dirigeants politiques alsaciens - des députés, le président du conseil départemental du Bas-Rhin, le président de l’association des maires du Haut-Rhin (qui soit sont membres soit le soutiennent) - et dont une partie importante sont membres de LR.

 

LR pro Rottner ou pro MPA ?

 

Dans la mesure où le MPA a pour objectif la création d’une collectivité territoriale alsacienne ayant les compétences à la fois d’une région, d’un département ainsi que des compétences spécifiques transférées par l’Etat, ce qui de fait revient à demander la sortie du Grand Est, dans la mesure où par ailleurs le MPA a annoncé qu’il se prononcerait aux régionales et aux départementales de 2021 en fonction des positions des différents candidats sur la question alsacienne, on ne voit pas très bien comment LR, écartelé entre sa tendance pro-Rottner (et pro Grand-est) et sa tendance pro région Alsace pourrait maintenir son unité.

 

Moins de 2 mois après l’unanimité de façade autour du projet macronien de Collectivité européenne d’Alsace et sa dialectique alambiquée du type « d’une part et en même temps » (cf. La Déclaration sur l’avenir de l’Alsace ou comment gérer la quadrature du cercle ?), projet que désormais les élus pro région Alsace considèrent comme insuffisants (bien que par ailleurs ils soient en train de le mettre en œuvre), LR est en train de se fissurer sur la question alsacienne.

 

Dans la mesure où les composantes alsaciennes de LR constituent la principale base électorale du pouvoir de Jean Rottner à la tête du Grand-est, face à la concurrence des élus LR de Lorraine et de Champagne-Ardennes (qui ne voient pas pourquoi le présidence du Grand Est devrait en permanence être détenue par un Alsacien), mais également face à la concurrence électorale d’autres partis politiques, et notamment du Rassemblement national (RN) – on se souvient qu’en 2015, Philippe Richert avait eu quelques difficultés à l’emporter face aux listes FN dirigées par Florian Philippot, et que son avance sur celui-ci au second tour s’expliquait en partie par le vote alsacien en sa faveur - une scission dans LR compromettrait fortement les chances pour Jean Rottner de rester à la tête du Grand-est au-delà de 2021.

 

Certes, d’ici 2021, beaucoup d’eau peut couler sous les ponts de l’Ill. Une scission n’est pas inévitable et des compromis restent possibles. Tout dépendra d’une part du seuil de rupture avec LR que le MPA et son président André Reichardt sont prêts à atteindre et d’autre part des concessions que Jean Rottner est disposé à effectuer sur la question des transferts de compétence vers la nouvelle collectivité alsacienne.

 

Le 5 février 2019                                                                                                                                       

Bernard Schwengler

OVIPAL

 



06/02/2019
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