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Le non respect des morts, signe avant coureur de la décivilisation ?

Suite à la mort d'un homme politique connu, un certain nombre de personnes, de façon organisée, dans différentes villes de France, y compris dans le Grand Est, ont organisé des fêtes, avec champagne, et comme par exemple à Strasbourg, brûlage de mannequins à l'effigie du mort, en quelque sorte pour « commémorer cet évènement ».

 

Les réactions n'ont pas manquée : beaucoup ont été choqués de ce non-respect du deuil et de la mort, quelque soit la personnalité politique concernée. C'est le moment de faire un petit rappel anthropologique. L'Humanité, c'est-à-dire Homo sapiens, est née au moment où on s'est mis à enterrer les morts, dans une sorte de témoignage de respect, et dans l'attente peut-être d'une vie après la mort.

 

Ce n'est d'ailleurs pas uniquement Homo sapiens qui enterre ses morts puisque notre proche cousin, Neandertal, enterrait lui aussi ses morts. On a trouvé des tombes où le défunt était entouré de fleurs.

C'est donc une pratique ancienne qu'à peu près toutes les religions, ou même les sociétés sans religion, ont continué à appliquer. Lorsque quelqu'un meurt, on respecte son corps. On le lave, on le préserve, on l'enterre. Parfois on le brûle, dans de rares cas, dans des sociétés très anciennes, on le mange, mais toujours avec respect. C'est comme cela qu'on se reconnaît comme humain. En fait, le non respect des morts est un tabou universel.

 

Il y a bien sûr des exceptions, des régressions, des violations de ce tabou, mais elles sont toutes liées à des moments de sauvagerie. Dans notre histoire il y a des guerres qui sont tellement sanglantes, des moments où les frustrations débouchent sur des haines telles que rien ne peut les éteindre, que dans ces situations on n'hésite pas à profaner des tombes, à violer des cadavres et à détruire des sépultures.

 

On l'a vu, dans l'actualité récente, lors de la chute en Syrie du régime de la famille Assad, lorsque certains manifestants ont profané la tombe du père du dictateur honni. La passion qui est à l'œuvre là est bien sûr celle de la vengeance, de la vengeance posthume. Ces moments de sauvagerie sont toujours condamnés après coup, même si dans le moment on a pu leur trouver des justifications. On s'y adonne, mais on le regrette, et à la vengeance, en général, succèdent la honte et la culpabilité, d'avoir ainsi témoigner si peu de respect devant les morts.

 

Mais même dans les situations les plus tragiques, le tabou peut être respecté. On se souvient de cette histoire, que tout ceux qui s'intéressent à la chose militaire connaissent bien : pendant la guerre 14-18,, le Fort de Vaux, près de Verdun a été âprement défendu du 2 au 7 juin 1916, par six cents soldats français, qui ont finalement dû se rendre, faute d'eau, de munitions et de moyens. Leur courage et les nombreux morts qu'ils ont subi ont été appréciés à leur juste valeur par les Allemands, qui, eux, avait pourtant beaucoup souffert de cette résistance acharnée. Au moment de la reddition, lorsque les soldats français survivants sont sortis avec leur morts et leurs blessés, les Allemands leur ont rendu les honneurs militaires. Ils ont salué les morts et les vivants au garde à vous.

 

Alors que penser, en ce début janvier, dans notre France malgré tout paisible, relativement aux drames que connaissent d'autres régions, de ces images de manifestants souvent très jeunes, mais pas toujours, le plus souvent encadré par des militants politiques d'extrême gauche, qui dansaient et faisaient la fête, littéralement sur le cadavre d'un homme politique. Cela nous a rappelé, comme on dit, les heures les plus sombres, ces moments terribles dans les villes du moyen âge où l'on brûlait les sorcières et où on profanait leur corps, car on croyait y voir le diable.

 

Et, comme si cela ne suffisait pas, on apprend que la tombe de Darwin, savant respecté et si peu controversé, avait été dégradée par des militants écologistes, au nom d'une cause qui semble autoriser à lever les tabous.

 

Quelle régression ! Rien, rien ne justifie, pour ceux qui se voudraient civilisés, de renoncer au respect des morts. Leur manquer de respect, c'est se manquer de respect à soi-même. Mais tout cela a peut-être un sens, si l'on peut dire. N'est-ce pas le signe avant-coureur d'une inversion des valeurs, d'un retour en arrière de la « pacification des moeurs », d'un ensauvagement de notre société, d'autant plus pervers qu'il prend appui sur des thèmes qu'on estimait jusque là « progressiste » ?

 

 

 

Philippe Breton

ovipal

14 janvier 2025

 



14/01/2025
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