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Pourquoi La République en Marche a bien fait (de son point de vue..) de ne pas présenter de liste aux élections municipales de Schiltigheim

 

 

L’observateur curieux se demandera en effet pourquoi La République en Marche n’a pas présenté de liste aux élections municipales des 8 et 15 avril prochain. N’y avait-il pas là l’occasion, après une écrasante victoire aux législatives de juin 2017, d’amplifier le mouvement, de l’ancrer dans la réalité des territoires, en prenant d’assaut, pour la première fois depuis cette date, une ville de plus de 30 000 habitants ? D’autant que celle-ci ballotte, depuis quelques années, entre la gauche et la droite, dans une cinétique proche du mouvement de Monsieur Macron ? N’était-ce pas le moment et la bonne occasion de mobiliser les réseaux de militants locaux un peu en déshérence depuis l’élection présidentielle ?

 

Bien sûr, Monsieur Macron n’y avait pas fait un score formidable (24% - 3 points derrière Mélenchon, qui avait fait 27 %), mais le deuxième tour était tout à fait honorable, avec 75% contre 25% à Marine Le Pen.

Et Monsieur Studer (LREM) avait été élu député avec un très honorable 60 % au deuxième tour.

Cette formation disposait donc a priori d’un socle électoral favorable pour se lancer dans l’aventure des élections municipales.

 

Mais les pourcentages sur les exprimés, unité de mesure toujours utilisée par les medias malgré leur côté souvent trompeur, ne donnent pas tout à fait ici la mesure des choses. Ainsi Monsieur Studer recueille 3204 voix au deuxième tour des législatives 2017 … sur 18131 inscrits ! Ce qui ne fait plus que 18 %. Et finalement pas beaucoup plus que Monsieur Macron au premier tour des présidentielles 2017 (3039 voix).

 

Pour donner la mesure des choses, lors des élections municipales de 2014, il avait fallu 4811 voix à la liste de Monsieur Kutner pour l’emporter sur celle de Monsieur Nisand (2144 voix). La barre est donc finalement très haut et un « capital » de voix constant en 2017, d’environ 3000 voix, est un peu faible pour partir à la bataille.

 

On comprend donc la décision de LREM de ne pas y aller. D’autant que la dynamique n’y est pas et que la formation du président de la République enregistre depuis 2017, au fil des élections partielles, de cuisantes défaites.

 

Ce désaveu, qui n’est pas inhabituel pour la formation d’un président élu depuis peu, risque de se renforcer à court terme, dans un moment saturé par les grèves de salariés et face au doute qui s’installe dans l’opinion sur la capacité du jeune président libéral à faire reculer le terrorisme qui s’enkyste en France.

 

En faisant un peu de politique fiction, on peut calculer, en partant de la moyenne des pertes subies dans l’ensemble des élections partielles, le score qu’aurait eu En marche si cette formation avait présenté une liste à Schiltigheim aux élections municipales.

Lors des 6 élections partielles qui ont eu lieu depuis juin 2017, LREM a nettement reculé en pourcentage mais surtout en voix, au profit d’ailleurs des partis « traditionnels », LR et PS, dont la majorité des voix du président était issue. Les candidats macronistes ont perdu la moitié des voix qu’ils avaient obtenues en juin. Dans une dynamique comparable (même si les municipales ne sont évidemment pas des législatives). Une liste LREM à Schiltigheim n’aurait donc pas pu compter sur autre chose que 1500 à 2000 voix au maximum, jauge bien insuffisante pour espérer gagner. D’autant , comme le remarque Bernard Schwengler, que la ville est traditionnellement ancrée à gauche et qu’un retour de ce point de vue n’est pas impossible.

 

Tout cela est bien, mais la question essentielle reste en suspend : si les partis politiques ne se présentent plus que s’ils sont sûr de gagner, que reste-t-il du débat démocratique ? Ne pas se présenter quand on est sûr de perdre est un comportement, d’apparence rusé, mais qui risque de laisser dans son sillage, de façon durable, une image de lâcheté peu propice à des rebonds ultérieurs.

 

Cela dit, nous avons tous compris que ce n’était finalement pas Schiltigheim qui était l’enjeu de cette élection partielle, mais bien Strasbourg. Un échec, prévisible, risquait de faire prendre des risques inutiles à la future liste Fontanel, qui, elle, veut prendre Strasbourg. Rappelons que Roland Ries n’avait été élu Maire, en 2014, que de justesse, face à une Fabienne Keller qui, décidemment, a joué bien finement, en se détachant de LR et en ne rejoignant pas Macron . La sénatrice du Bas-Rhin n’a pas dit son dernier mot et la nouvelle virginité politique qu’elle s’est forgée sera un atout majeur si elle se présente. Que Schiltigheim bascule LR ou UDI, et cela l’aidera dans cette entreprise. Que la gauche y gagne lui ferait bénéficier d’une contre-réaction de l’électorat.

 

En ne se présentant pas, LREM a eu raison de son point de vue, mais, ce faisant, cette formation ne fait que limiter la casse qui s’annonce peut-être pour elle, du fait d’un désamour pour l’instant croissant de l’électorat.

 

Philippe Breton

ovipal

2 avril 2018

 

 

 

Pourquoi La République en Marche a bien fait (de son point de vue..) de ne pas présenter de liste aux élections municipales de Schiltigheim



02/04/2018
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