Essai de simplification des affaires Charlie Kirk et Jimmy Kimmel
Au vu du premier amendement de la Constitution américaine et du principe juridique du viewpont (ou content) neutrality, Charlie Kirk a exercé tout à fait correctement sa liberté d’expression.
Il n’est pas évident que ses propos aient été haineux. Bien que offensantes, choquantes, provocatrices, ses déclarations sur les Noirs, les femmes et les minorités sexuelles et de genres n’exprimaient pas nécessairement un sentiment de haine. Il n’est pas sûr, non plus, que ces propos aient même été racistes, sexistes, homophobes ou transphobes : ils n’exprimaient pas forcément quelque point de vue discriminatoire.
Charlie Kirk était aussi un défenseur et un promoteur de la liberté d’expression. Ses démarches pour discuter de ses idées, les éprouver auprès de publics tenants de positions contraires comptaient parmi les rares pratiques visant, en nos temps de polarisation et de campisme, à mettre en œuvre la finalité de la liberté d’expression : animer un libre marché des idées.
On pouvait bien légitimement être en désaccord avec Charlie Kirk, mais il n’était ni intolérant, ni fasciste. Il était, comme l’écrit Emma Becker (Le Figaro, 12 septembre), « attaché à ses opinions, mais toujours prêt à les remettre en cause, si les arguments en face s’y prêtaient. »
La récupération politique qui est faite de son assassinat peut agacer ou même heurter par son caractère ostentatoire. Mais elle est plutôt banale.
C’est cette récupération qu’a contesté Jimmy Kimmel en associant innocemment mais plutôt maladroitement l’assassin de Kirk à la mouvance MAGA. L’instrumentation que font les trumpistes de l’assassinat de Kirk est de s’en servir comme prétexte pour faire taire cette voix dissidente. Elle est indéfendable. Comme Kirk, Kimmel a exercé à bon droit sa liberté d’expression.
Finalement, ce à quoi toute l’affaire amène à réfléchir c’est combien reste fragile une pleine reconnaissance de la liberté d’expression, c’est-à-dire, comme le défend John Mill, l’admission de pouvoir tout dire dès le moment où il n’y a pas véritable nuisance à des personnes. À réfléchir également aux risques de manipulation de la liberté d’expression en fonction de préjugés, dogmes et autres biais idéologiques et politiques.
C’est quand elle est mise à mal qu’elle s’avère la plus socialement indispensable.
Gilles Gauthier
ovipal
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