Est-ce le PS ou est-ce Monsieur Elkouby qui a gagné les élections ?
Monsieur Elkouby a donc remporté l’élection législative, avec un score cependant très en retrait par rapport à l’élection de son prédécesseur en 2012 (dans un tout autre cadre aussi) et dans un contexte très abstentionniste, ce qui en fait un député assez mal élu en nombre de voix.
L’élection de Monsieur Elkouby est toutefois une exception par rapport au contexte général des élections partielles qui se sont déroulées depuis 2012 et qui ont vu assez systématiquement la défaite des candidats PS. Cette tendance nous avait conduit non pas à pronostiquer, mais à suggérer que si elle se confirmait à Strasbourg, Monsieur Elkouby ne serait pas élu.
Comment expliquer cette exception à la tendance générale ? Y voir, comme le député Philippe Bies l’a déclaré le soir du deuxième tour, un début d’approbation de la politique du gouvernement est assez audacieux. Ce type d’affirmation est de bonne guerre en politique, mais n’a aucune valeur en politologie. Deux explications, assez locales, peuvent être avancées.
La première tient à l’absence de dynamisme autour du candidat du parti Les Républicains. Celui-ci n’a, ni au premier tour, ni au deuxième, réussi à fédérer les voix de droite qui, si elles s’étaient réunies, auraient pu être majoritaires.
La deuxième tient à un phénomène curieux, que les médias n’ont pas vu, alors qu’il suffisait d’analyser les résultats du premier tour, et qui se sont confirmés au deuxième : Monsieur Elkouby a réalisé des scores importants, largement majoritaires, dans plusieurs bureaux de vote de la circonscription où la droite, lors des dernières élections était en tête. Il a puisé là dans un réservoir de voix important, qui, sous réserve d’analyses plus fines, lui ont probablement fait gagner les élections.
Nous avions analysé cette inversion de la tendance, dans ces quartiers, après le premier tour (voir ici). Doit-on y voir là l’influence d’un vote communautaire puisque la communauté juive est fortement représentée dans ces quartiers ? Ce serait aller vite en besogne et aucune étude ne nous permettra de répondre à cette question.
Mais il reste certain que l’inversion gauche-droite dans ces quartiers est la clé de la victoire de Monsieur Elkouby. La cartographie habituelle du vote socialiste dans cette circonscription n’est pas respectée*. Les bureaux de vote traditionnellement à gauche ayant apporté moins de voix que d’habitude au PS, là où certains quartiers de droite ont voté massivement pour lui.
On peut à partir de là faire l’hypothèse que le résultat de l’élection ne relève pas tant de l’adhésion de l’électorat au parti socialiste et à sa politique que de la personnalité du candidat. Monsieur Elkouby a bien gagné les élections, le PS, lui, c’est une autre affaire…
Philippe Breton
Ovipal
30 mai 2016
* par exemple
|
Bureaux de vote |
Hollande |
Sarkozy |
Elkouby |
Robert |
2012 (deuxième tour présidentielles)
|
ENGEES |
360 |
628 |
|
|
Palais des fêtes (3 bureaux) |
1246 |
1368 |
|
|
|
2016 (deuxième tour législatives)
|
ENGEES |
|
|
187 |
188 |
Palais des fêtes (3 bureaux) |
|
|
465 |
284 |
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