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Les perdants magnifiques. 40 années d’élections dans la 1° circonscription de Strasbourg.

Plus d’une dizaine de candidats ont d’ores et déjà annoncé  leur candidature pour les scrutins des 22 et 29 mai dans la 1° circonscription de Strasbourg. La vie politique est ainsi faite que le nombre de candidats est nettement plus élevé que celui des postes à pourvoir. Celui des perdants surpasse par conséquent largement celui des élus. De 1978 à aujourd’hui,  la 1° circonscription de Strasbourg, par ailleurs redécoupée à deux reprises, ne fut représentée que par 4 députés, Emile Koehl (1978 à 1993), Harry Lapp (1993 à 1997), Catherine Trautmann (1997) et Armand Jung (1997-2016). Et évidemment le nombre des prétendants malheureux fut infiniment plus élevé. Parmi ceux-ci figurent certaines personnalités qui jouèrent un rôle important dans la vie politique strasbourgeoise ou alsacienne.

 

Robert Grossmann

 

Robert Grossmann tenta sa chance à deux reprises dans cette circonscription, à 24 années d’intervalle. En 1978, alors que le député sortant René Radius ne se présentait plus, il incarnait par sa candidature la continuité gaulliste dans une circonscription tenue par les gaullistes depuis 1958. Mais victime de la remontée du centrisme alsacien, il fut coiffé au poteau dès le premier tour par l’UDF Emile Koehl (UDF). Il essaya à nouveau en 2002, en binôme avec Fabienne Keller (en tant que candidate suppléante), un an après qu’ils eurent détrôné Catherine Trautmann de la Mairie de Strasbourg. Mais la vague bleue, qui déferla sur la France (et sur l’Alsace) à ces élections là, s’échoua aux portes de la 1° circonscription de Strasbourg, le socialiste Armand Jung réussissant à sauver son siège avec une avance de 121 voix. Par ailleurs, en 1993, Robert Grossmann avait effectué une tentative dans la 3° circonscription (Strasbourg-Schiltigheim), mais là également sans succès, face au maire de Schiltigheim, Alfred Muller. Alfred Muller fut certes battu en 1997. Mais cette année-là, Robert Grossmann n’était pas candidat et c’est le RPR André Schneider qui fut élu.

 

Roland Ries

 

L’autre personnalité strasbourgeoise à avoir effectué deux tentatives dans la 1°  circonscription de Strasbourg est Roland Ries. En 1981, porté par la vague rose, il atteignit le score tout à fait honorable de 30% des voix au premier tour mais dut s’incliner au second tour. Les socialistes réussirent certes à conquérir une circonscription en 1981, mais il s’agissait de la 2° circonscription, avec Jean Oehler. Roland Ries essaya à nouveau dans la 1°  circonscription en 1993, mais, victime de l’effondrement socialiste au niveau national, il fut cette fois-ci éliminé dès le premier tour. Emile Koehl, qu’il n’avait pas réussi à battre en 1981, et qui à 72 ans, sollicitait un 5° mandat, fut certes battu, mais par Harry Lapp (un UDF dissident). Enfin, en 2002, Roland Ries tenta sa chance dans la 2° circonscription (Strasbourg-Neudorf). Mais il manqua l’élection de 271 voix face à l’UMP Marc Reymann qui entamait ainsi son 5° mandat. Il relança sa carrière politique en se faisant élire sénateur en 2004 puis maire de Strasbourg en 2008.

 

 

Catherine Trautmann

 

Catherine Trautmann quant à elle fut bel et bien élue dans la 1° circonscription de Strasbourg, en 1997, mais de justesse (avec 99 voix d’avance sur Harry Lapp, le tombeur de Koehl de 1993). Elle avait déjà été députée du Bas-Rhin de 1986 à 1988, élue dans le cadre d’un scrutin proportionnel. Et elle avait été pendant quelques semaines secrétaire d’Etat dans le gouvernement Rocard, en mai-juin 1988. Mais avec le retour du scrutin majoritaire en 1988, elle avait manqué sa réélection en échouant d’un cheveu dans la 2° circonscription de Strasbourg (Strasbourg-Neudorf) avec 293 voix de retard sur Marc Reymann, qui entamait à cette époque là son second mandat. Avec sa victoire aux législatives de 1997, deux années après sa réélection triomphale à la Mairie de Strasbourg, Catherine Trautmann était au faîte de sa carrière politique. Nommée ministre de la Culture en juin 1997 dans le gouvernement Jospin, elle fut remplacée à la députation par son suppléant Armand Jung.

Sa chute à partir de 2000 n’en fut que plus brutale. En 2002, alors qu’elle n’était plus ni ministre ni maire de Strasbourg, Catherine Trautmann tenta de se relancer en se présentant dans la 3° circonscription de Strasbourg (Strasbourg-Schiltigheim) contre le député sortant André Schneider, en vain.

 

Jean Waline

 

Mais la 1° circonscription de Strasbourg servit également de terrain d’expérimentation à d’autres personnalités strasbourgeoises. C’est ainsi que Jean Waline, professeur de droit public à la faculté de Strasbourg, et qui avait longtemps agi dans l’ombre d’André Bord, décida de voler de ses propres ailes en se présentant à la députation dans cette circonscription en 1988. Ayant obtenu l’investiture du RPR et menant une campagne particulièrement agressive, il escomptait que la candidature pour un quatrième mandat de l’UDF Emile Koehl serait la candidature de trop. Mais il dut déchanter. Cinq années plus tard, en 1993, il changea son fusil d’épaule et décida de soutenir Emile Koehl pour un cinquième mandat en étant son candidat-suppléant…laissant ainsi la voie libre à Harry Lapp.

 

Andrée Buchmann

 

C’est également en 1993 qu’Andrée Buchmann tenta sa chance dans cette circonscription, dans un contexte qui semblait favorable (dynamique en faveur des écologistes portée par l’alliance entre les Verts d’Antoine Waechter et Génération Ecologie de Brice Lalonde, affaiblissement des socialistes). Elle ne franchit cependant pas l’épreuve du premier tour. Par la suite Andrée Buchmann fut plusieurs fois candidate à la députation, mais dans la 3° circonscription (Strasbourg Schiltigheim). En 2007, candidate des Verts, elle obtint 6% des voix. Et en 2012, soutenue dès le premier tour par Europe Ecologie les Verts et les socialistes, elle échoua cependant au second tour de 673 voix face à André Schneider. Il est vrai que le redécoupage effectué en 2010 joua en sa défaveur (la circonscription avait perdu Hautepierre, votant à gauche et avait été agrandie de Reichstett et Souffelweyersheim, votant à droite).

 

Jean-Luc Schaffhauser

 

Enfin, Jean-Luc Schaffhauser lança un ballon d’essai dans la 1° circonscription en 2007, à une époque où il se réclamait du centrisme et en utilisant l’étiquette MRP (un clin d’œil à l’ancien parti de Pierre Pflimlin de la IV° République). Le caractère modeste de son score (0,64% des voix) contribua sans doute à le convaincre de l’intérêt de concourir dans le cadre d’une structure politique électoralement mieux assise (le Front national par exemple), ce qu’il fit à partir de 2014, devenant ainsi en l’espace de quelques mois à la fois conseiller municipal de Strasbourg et député européen.

 

 

Le 27 avril 2016

Bernard Schwengler

OVIPAL



01/05/2016
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