. . . . OVIPAL - OBSERVATOIRE DE LA VIE POLITIQUE EN ALSACE . . . .

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Note de synthèse 2012 sur les motivations du vote pour le FN en Alsace

Cette note de synthèse se compose d’une introduction synthétique et de deux contributions sur des thèmes spécifiques. Elle se termine par quelques chiffres-clé de l’enquête.

 

Les auteurs de l’enquête sont

Philippe Breton, professeur des universités en sciences de l’information, politologue

Jean-Paul Villette, maître de conférences en statistiques

Pascal Politanski, maître de conférences en sciences politiques

Bernard Schwengler, docteur en sciences politiques, professeur agrégé de sciences économiques et sociales

 

L’enquête 2012 montre qu’il il faut d’une part renoncer à l’idée d’une homogénéïté du vote FN, aussi bien à l’intéreur de chaque région concernée que dans l’ensemble de la France, et, d’autre part, renoncer à l’identification absolue de ce vote aux thèmes traditionnels de l’extrême droite qui avaient été la matrice initiale du vote pour le Front national.

 

 

Les questions qui se posent à propos du vote pour le Front national

 

Historiquement, le Front National, emmené par Jean-marie Le Pen, est parti d’une base électorale numériquement faible et marqué explicitement par les thèmes de l’extrême droite de la période de la guerre d’Algérie. Sa progression électorale dans les années quatre vingt dix et deux mille et, depuis peu, sous la houlette de Marine Le Pen, pose le problème de la nature et de l’évolution de son électorat.

 

S’agit-il d’un électorat homogène, qui adhère, de façon parfois honteuse, parfois fièrement revendiquée, à cette idéologie d’origine, ou n’a-t-on pas affaire à l’agrégation progressive, au fil du temps, de plusieurs électorats, caractérisés par des motivations diverses ? Dans ce dernier cas qu’est-ce qui relie ensemble ces différents électorats ?

 

Qu’en est-il de Alsace, région où le vote pour le FN s’affirme et s’enracinne depuis plus d’une décennie (à l’exception, qui aura été très temporaire, du vote du 2ème tour des présidentielles 2007) ? Y a –t-il une spécificité du vote alsacien, au sens où le vote pour le FN y aurait une coloration différente du vote FN dans d’autres régions de France ?

 

 

Une enquête qualitative en Alsace

 

Les chercheurs de l'OVIPAL, se sont fixés l’objectif, depuis 2007, de mieux comprendre les différentes motivations de cet électorat et d’explorer, notamment en Alsace, cette hypothèse d’un électorat composite du Front national.

 

C’est pourquoi l'OVIPAL a procédé en 2012 à une enquête qualitative auprès d’électeurs du Front national, à Strasbourg, dans la haute vallée de la Bruche, dans l’Outre-forêt, enquête qui a pris le relais d’une enquête similaire conduite en 2007, dans les mêmes bureaux de vote*. Les résultats de cette enquête ont été comparés avec ceux d’un groupe Groupe témoin d’électeurs de toute tendance politique, à l’exception du FN, dans les mêmes communes.

 

 

Les principaux résultats de l’enquête

 

Cette note de synthèse présente quelques uns des résultats de cette enquête. Il ressort pour l’essentiel les points suivants :

 

Comme c’était le cas en 2007 et encore plus en 2012, l’électorat du FN n’est pas homogène dans ses motivations. D’une part les motivations de chaque électeur évoluent et sont composés de thèmes très variés, d’autre part ces motivations sont différentes d’un électeur à l’autre. Les motivations des électeurs FN en Alsace, dans les zones étudiées, se répartissent en trois grandes grappes homogènes :

 

Grappe de motivation A – Adhésion politique aux thèses de l’extrême droite ou de la droite extrême

Nationalisme – anti-islamisme – positionnement sur la droite de la droite de l’échelle politique – souhait d’un « dirigeant fort qui ne se préoccupe ni du parlement ni des élections » - valeurs chrétiennes

 

Grappe de motivation B – Affirmation d’une attitude de « sécession sociale »

Défiance vis-à-vis des dispositifs de parole institutionnels – éloignement géographique par rapport aux centres urbains – peu de déplacement physique hors de la commune – positionnement politique ni droite ni gauche – désir de solidarité mécanique (famille, communauté)

 

Grappe de motivation C – Désir d’un « Etat fort »

Défiance vis-à-vis des corps intermédiaires – sortie de l’Euro – sentiment d’insécurité - désir de protection sociale et de solidarité organique (redistribution par l’Etat) – positionnement politique qui peut être aussi bien de gauche que de droite) – souhait de rétablissement des frontières – perception de l’immigration comme envahissante – refus de l’Assemblée unique d’Alsace

 

Ces trois ordres de motivations peuvent, chez un même individu, coexister ou s’exclure. Ainsi un électeur peut très bien avoir comme forte motivation les thèmes de la grappe C, ne pas se reconnaître dans ceux de la grappe A, et avoir des sympathies pour les thèmes de la grappe C.

 

 

Les hypothèses sur le vote FN et Alsace et en France

 

On fera à partir de là deux hypothèses :

 

 1 - A partir de 2007 et surtout de 2012, la composition de l’électorat FN en Alsace s’est modifiée :

L’électorat FN en alsace a été jusqu’en 2007, composé en petite minorité de personnes plutôt favorables aux thèmes de l’extrême droite et de la droite extrême (grappe A) et en forte majorité de personnes affirmant plutôt une attitude de sécession sociale (grappe B). L’évolution en 2012 pourrait se caractériser de la façon suivante :

  • Le groupe des personnes favorables aux thèmes de l’extrême droite et de la droite extrême (grappe A) a diminué et est devenue une faible minorité (moins qu’en 2007)
  • Le groupe des personnes affirmant une attitude de sécession sociale (grappe B) a baissé
  • Le groupe des personnes animées par le désir d’un « Etat fort » (grappe C) a fait irruption et l’emporte progressivement sur les deux autres groupes

 

2 – Le vote FN alsacien est spécifique par rapport au vote FN dans le reste de la France : cette composition actuelle du vote FN en Alsace est différente de la composition qu’il a dans d’autres régions de France. Ainsi le désir d’un « Etat fort » (grappe C) pourrait être dominant dans les motivations du vote FN dans le Nord/Pas de calais et l’adhésion aux thèmes de l’extrême droite et de la droite extrême (grappe A) plus fort dans la région PACA que dans toute autre région.

 

Nous avons donc bien affaire avec un vote qui n’est pas homogène et qui ne s’identifie pas de façon absolue aux anciennes thématiques de l’extrême droite qui avaient été la matrice initiale du vote pour le Front national.




15/01/2014
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