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Retour sur l’échec de la fusion Bas-Rhin Haut-Rhin par Bernard Schwengler

 

 

            L’une des raisons de l’échec du référendum du 8 avril 2013 sur la fusion des deux départements alsaciens fut la faible participation électorale. En effet, l’une des conditions posée pour la fusion était que le vote OUI représente au moins 25% des inscrits dans chacun des deux départements. Or cette condition ne fut remplie dans aucun des deux départements. Dans le Bas-Rhin, le OUI atteignit 68% des suffrages exprimés mais seulement 23% des inscrits, du fait d’une participation qui ne fut que de 36% des inscrits. Dans le Haut-Rhin le NON fut majoritaire et la participation ne fut que de 35% des inscrits.

 

            Plusieurs interprétations furent avancées pour rendre compte de la faiblesse de la participation (désintérêt des citoyens pour les affaires publiques, clarté insuffisante du projet, affaire Cahuzac etc…). Les lignes qui suivent proposent une interprétation basée sur la difficulté des citoyens à effectuer un choix entre leur attachement à la région et leur attachement au département. Elles utilisent les résultats d’une enquête menée en 2004 pour le compte du Centre de Données Socio-politique auprès de 715 habitants d’Alsace sur leur degré d’attachement à la région et au département.

 

 

 

Tableau 1 : Degré d’attachement à la région et au département

 

 

 

Attachement région

Effectif

En pourcentage

Très attaché

431

60%

Plutôt attaché

174

24%

Pas très attaché

60

8%

Pas attaché du tout

50

7%

Total

715

100%

 

 

 

Attachement département

Effectif

En pourcentage

Très attaché

358

50%

Plutôt attaché

220

31%

Pas très attaché

80

11%

Pas attaché du tout

57

8%

Total

715

100%

 

 

 

            La majorité des personnes interrogées se déclarait très attachée à la région (431 personnes sur un total de 715 personnes interrogées, soit 60%). De même une forte proportion des personnes interrogées se déclarait très attachée au département (358 personnes sur un total de 715 personnes interrogées, soit 50%).

 

 

 

            Par ailleurs l’attachement à la région d’une part et au département d’autre part ne sont pas en opposition mais sont complémentaires, ainsi que le montrent les valeurs élevées des nombres se trouvant dans les diagonales des tableaux 2 et 3.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tableau 2 : Degré d’attachement à la région en fonction du degré d’attachement au département (en pourcentage)

 

 

 

                                                En colonne : attachement au département

 

 

Très attaché

Plutôt attaché

Pas très attaché

Pas attaché du tout

ENSEMBLE

Très attaché

96

33

14

7

60

Plutôt attaché

3

64

21

7

24

Pas très attaché

0

3

61

5

8

Pas attaché du tout

0

0

4

80

7

ENSEMBLE

100

100

100

100

100

 

 

 

            Les personnes les plus attachées au département sont également les personnes les plus attachées à la région. 96 % des personnes très attachées au département sont également très attachées à la région. Et 80% des personnes qui ne sont pas attachées du tout au département ne sont pas attachées du tout à la région.

 

 

 

 

 

Tableau 3 : Degré d’attachement au département en fonction du degré d’attachement à la région (en pourcentage)

 

 

 

En ligne : attachement à la région

 

 

Très attaché

Plutôt attaché

Pas très attaché

Pas attaché du tout

ENSEMBLE

Très attaché

80

17

3

1

100

Plutôt attaché

7

81

10

2

100

Pas très attaché

3

10

82

5

100

Pas attaché du tout

2

0

6

92

100

ENSEMBLE

50

31

11

8

100

 

 

 

            De même, les personnes les plus attachées à la région sont également les personnes les plus attachées au département. 80% des personnes très attachées à la région le sont aussi au département. Et 92% des personnes pas attachées du tout à la région ne sont pas attachées du tout au département.

 

 

 

            Or les termes du référendum du 8 avril 2013 reposaient sur une opposition entre une option en faveur de la région – renforcer la région et supprimer les départements - et une option en faveur du département – conserver les départements et ne pas renforcer la région. La sociologie électorale montre que lorsque les citoyens sont appelés à se prononcer sur une question avec deux termes placés en opposition alors qu’ils ne les opposent pas, ils ont tendance à s’abstenir. L’exemple canonique à cet égard est celui du comportement électoral des électeurs MRP au référendum de 1962 sur l’élection du président de la République au suffrage universel. Une partie importante de ces électeurs, tiraillée entre son attachement au général De Gaulle d’une part et au MRP d’autre part, qui appelait à voter NON, s’est réfugiée dans l’abstention.

 

 

 

 

 

           

 

 

 

 

 

 

 

Tableau 4 : Attachement à la région croisé avec attachement au département (en pourcentage)

 

 

 

 

 

                                                                        En colonne : attachement au département

 

En ligne : attachement à la région

 

 

Très attaché

Plutôt attaché

Pas très attaché

Pas attaché du tout

ENSEMBLE

Très attaché

48

10

2

1

60

Plutôt attaché

2

20

2

1

24

Pas très attaché

0

1

7

0

8

Pas attaché du tout

0

0

0

6

7

ENSEMBLE

50

31

11

8

100

 

 

 

Si l’on reprend les données sur le degré d’attachement à la région et au département, présentées dans le tableau 4 et que l’on considère que l’abstention est la position des personnes qui ne sont pas en mesure d’exprimer une préférence entre la région et le département, les abstentionnistes se situent sur la diagonale du tableau. Ils représentent la majorité des personnes. Les personnes ayant une propension à voter OUI  sont les personnes dont l’attachement à la région est plus fort que l’attachement au département, c'est-à-dire les personnes correspondant aux cases situées à droite de la diagonale. A l’inverse, les personnes attirées pour le NON sont les personnes dont l’attachement au département est plus élevé que l’attachement à la région. Il s’agit des personnes correspondant aux cases situées à gauche de la diagonale.

 

 

 

 

 

 

 

                                                                                    Bernard Schwengler

 

 

 

 

 

 

 



25/02/2014
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