. . . . OVIPAL - OBSERVATOIRE DE LA VIE POLITIQUE EN ALSACE . . . .

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Peur, angoisse, panique : les conséquences de la dissolution seraient-elles d'abord d'ordre psychologique ?

La dissolution voulue par le Président Macron n'a pas eu que des effets politiques. On serait même tenté de penser que les conséquences les plus importantes de son geste sont d'ordre psychologiques.

 

On rapporte qu'en son temps, l'élection de Monsieur Sarkozy avait provoqué beaucoup d'agitations parmi les malades des hôpitaux psychiatriques. Nous sommes ici à une toute autre échelle, où, à part les abstentionnistes endurcis ou les indifférents perpétuels, tout un chacun a eu un léger frémissement dans l'échine lorsque le Président, tout en noir et l'air sombre, a annoncé sa décision à 21 h le 9 juin 2024.

 

Osons une petite liste des perturbations psychiques dans lesquelles chacun pourra se reconnaître : angoisse, de voir arriver le fascisme au pouvoir, de voir le totalitarisme révolutionnaire s'emparer du pays, de voir s'instaurer le désordre et l'anarchie, peur, pour sa sécurité physique, pour ses biens matériels, panique, qu'au delà des juifs, toujours premiers à être pris pour cibles, d'autres boucs émissaires ne soient désignés à la vindicte d'une guerre civile larvée.

 

A ces deux premiers items se sont rajoutés rapidement des phénomènes de dissonance cognitive, toujours pénibles à vivre : j'ai toujours voté ceci, mais ce n'est plus possible,aujourd'hui je dois voter cela. Mais il est difficile psychologiquement, et en tout cas pas sans une certaine souffrance, de renoncer à des opinions politiques ou à des croyances qui vous ont structuré pendant des décennies.

 

Difficile de voter malgré tout pour une alliance alors que vous réprouvez fortement les comportements de certains de ses membres. Difficile, et c'est le pire, de ne pas savoir pour quoi ou qui voter et de se retrouver dans le désarroi le plus complet.

 

Beaucoup d'électeurs sont déchirés intérieurement mais voient aussi se fracturer leurs amitiés et les familles se diviser, souvent avec animosité. Les conflits éclatent quand il s'agit de donner une procuration à quelqu'un qui ne vote pas comme vous. Les plus sages évitent le sujet.

 

Chacun est renvoyé à la question : pourquoi est-ce que je vote ce que je vote ? Pourquoi ai-je telle opinion et pourquoi je rejette cette autre ? Au fond, ces questions, on ne se les était pas vraiment posées jusque là...

 

Bon, il y a ceux qui ont des certitudes, qui ne se posent pas de questions, ou qui campent sur leurs positions, quoi qu'il arrive. Les déplacements de voix très importants qui ont eu lieu aux élections européennes montrent que ceux-là ne sont quand même pas légion. Combien d'électeurs du macronisme sont partis ailleurs, combien d'électeurs du RN sont de nouveaux électeurs, combien d'électeurs écologistes ont fait défection ? Combien d'électeurs de gauche ne voteront pas pour cette gauche-là. Cela finit par faire beaucoup d'électeurs en migration vers d'autres horizons.

 

Et puis, continuer à voter la même chose n'exclut pas la souffrance compte-tenu de la radicalisation des positions. Combien d'électeurs socialistes votent un peu à reculons du fait du glissement vers des positions extrémistes, voire antisémites du Front populaire ? Que penser des électeurs LR en plein désarroi ? Et des électeurs juifs qui votent maintenant Reconquête ou RN ? Sans parler des nouveaux électeurs du RN qui votent, si je puis dire, du bout des lèvres.

 

Bref, c'est le désordre dans les têtes. Et comme la situation se caractérise par la restriction concomitante des espaces de débats réels et par une insincérité flagrante des programmes des différents partis, qui promettent une lune dont personne ne dispose, les critères de décisions de l'électeur sont de plus en plus incertains et irrationnels, donc à l'opposé des exigences démocratiques de base.

 

Cette immense perturbation psychique collective vient (par hasard ?) à un moment particulier de notre histoire sociale et culturelle. L'envahissement après 68 de l'individualisme comme norme sociale centrale, l'effacement de la famille, la disparition des pères et le dépassement des mères, les transformations démographiques dues à l'immigration massive, les épidémies qui guettent, le terrorisme importé et le retour de la guerre à nos portes, un horizon climatique pour le moins incertain, la contestation de l'autorité, ont laissé la plupart de nos populations sans protection.

 

De l'autorité, elles n'ont plus que le versant normatif et répressif sans le versant protecteur, là où, dans l'histoire l'un n'allait jamais sans l'autre sous peine de troubles majeurs.

 

Notre époque est celle d'un désarroi de fond, qu'une incertitude de circonstance vient faire basculer dans l'angoisse, si mauvaise conseillère. C'est l'époque où, par désespoir, par désir assoiffé de protection, si vous me permettez la formule, la tentation nous vient de ne plus avoir peur du pire des pères.

 

Philippe Breton

ovipal

22 juin 2025

 



22/06/2024
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