Une recomposition politique tripolaire ? Le cas de Strasbourg en vue des municipales
La recomposition politique en cours à l’occasion de ces élections européennes fait apparaître une tripolarité « droite radicale et souverainiste » – « centre droit libéral » – « écologiste de gauche ». Si l’on applique les calculs issus de ces regroupements au cas de la Ville de Strasbourg, on constate que les écologistes de gauche sont majoritaires, mais divisés, et que LAREM et ses alliés sont minoritaires mais unis…
La plupart des commentateurs politiques s’accordent, même s’ils divergent sur l’analyse, pour décrire les grands traits de la recomposition politique qui s’est produite aux dernières élections européennes. On en distingue cinq, le maintien du niveau du RN n’étant pas une nouveauté :
- Le glissement de l’électorat de LAREM, qui, à résultats constants, gagne des électeurs sur la droite, au détriment de LR, et qui en perd à gauche, au profit probable des Verts.
- L’affaiblissement de LR dont l’électorat s’est divisé en trois, une partie partant vers LAREM, une autre ralliant le RN ou DLF (Dupont-Aignan), une troisième restant fidèle.
- Une forte poussée des Verts.
- La stagnation d’une gauche divisée.
- Un effondrement de la France insoumise.
A partir de là, on peut faire une hypothèse de recomposition politique en forme de triangle. Les prochaines élections s’organiseront ainsi peut-être autour d’une tripolarité :
- Un pôle de centre droit libéral avec comme noyau dur LAREM et disposant de supplétifs issus des LR.
- Un pôle de droite radicale, nationale et identitaire, autour du RN et de ses quelques satellites.
- Un pôle écologiste, avec comme noyau dur les Verts et comme supplétifs ce qui reste des partis et formations de gauche.
(Nous supposons ici, par hypothèse, une poursuite de l’affaiblissement, voire de l’effondrement, des LR, réduit à 2,70 % et une poursuite de la déflation de la FI, réduit à 5 %.)
Nous pouvons, dans cette hypothèse, faire les regroupements suivants sur le plan national :
Un pôle de « centre droit libéral » avec comme noyau dur LAREM et disposant de supplétifs issus des LR : 27,30 %
LAREM : 22,5 %
UDI : 2,5
Par hypothèse 2,30 % pris à LR
Un pôle de « droite radicale, nationale et souverainiste », autour du RN et de ses quelques satellites : 30,87 %
RN : 23,3 %
DLF : 3,5 %
FREXIT : 1,17
Les patriotes : 0,6 %
Par hypothèse 2,30 % pris à LR
Un pôle « écologiste de gauche », avec comme noyau dur les Verts et comme supplétifs ce qui restent des partis et formations de gauche : 28,6 %
Verts : 13,1 %
PS-PP : 6,2 %
Urgence écologie : 1,2 %
PC : 2,5 %
Génération : 3,7 %
Par hypothèse 1,90 % pris à la FI
Ce que le schéma suivant illustre visuellement :
Examinons maintenant le cas particulier de la Ville de Strasbourg (avec, en arrière-pensée, les municipales de l’an prochain). En reproduisant le même schéma de recomposition politique, nous avons donc l’équation tripolaire suivante :
(Nous supposons toujours, par hypothèse, une poursuite de l’affaiblissement, voire de l’effondrement, des LR, réduit à 2,70 % et une poursuite de la déflation de la FI, réduit à 5 %.)
Un pôle de « centre droit libéral » avec comme noyau dur LAREM et disposant de supplétifs issus des LR : 32,11 %
LAREM : 27,75 %
UDI : 2,06
Par hypothèse 2,30 % pris à LR
Un pôle de « droite radicale, nationale et souverainiste », autour du RN et de ses quelques satellites : 18,40 %
RN : 12,78 %
DLF : 1,70 %
UPR : 1,22 %
Les patriotes : 0,40 %
Par hypothèse 2,30 % pris à LR
Un pôle « écologiste de gauche », avec comme noyau dur les Verts et comme supplétifs ce qui restent des partis et formations de gauche : 37,81 %
Verts : 20,69 %
PS-PP : 7,70 %
Urgence écologie : 2,01 %
PC : 1,52 %
Génération : 3,99 %
Par hypothèse 1,90 % pris à la FI
Ce que le schéma suivant illustre :
Le pôle « écologiste de gauche » (Verts et supplétifs à gauche) est donc majoritaire à Strasbourg. LAREM, minoritaire, arrive en seconde position, disposant par ailleurs de peu de réserves, ayant déjà « siphonné » les LR en chute libre.
LAREM et ses alliés, par contre, présentent un front uni dès le premier tour, là où le pôle écologiste de gauche » est divisé, voire émietté, et, de plus, rongé par des dissensions intestines.
Difficile d’en dire plus pour l’instant, car nous touchons là les limites de la boule de cristal autour de laquelle les chercheurs de l’ovipal se réunissent régulièrement, pour le meilleur et pour le pire.
Philippe Breton
ovipal
1 juin 2019
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