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« Va-t-on revenir à une bipolarisation de la vie politique ? » Interview sur BFM Alsace de Philippe Breton dans l'émission Bonjour l'Alsace le 7 octobre 2025

« Va-t-on revenir à une bipolarisation de la vie politique ? »

Interview sur BFM Alsace de Philippe Breton dans l'émission Bonjour l'Alsace le 7 octobre 2025

 

 

 

Bonjour Philippe Breton, politologue, directeur de l'Observatoire de la vie politique en Alsace. On va parler de cette situation qui bouge beaucoup depuis deux jours. Raphaël Schellenberger, pour rester en Alsace, député Les Républicains du Haut-Rhin, a estimé sur BFM Alsace que jusqu'à présent, il n'envisageait pas la démission d'Emmanuel Macron. Maintenant oui, il pense que c'est une nécessité. Comment expliquer ce changement de ligne des Républicains qui jusqu'à présent soutenait plutôt le président de la République ?

 

Je crois que les Républicains sont échaudés par la stratégie ou l'absence de stratégie, on ne sait pas, du président de la République et qu'il faut bien sortir de cette situation. Deux perspectives pour sortir de la situation, à part les bricolages techniques qu'on va sans doute avoir encore cette semaine. Il n'a que deux solutions, on le sait bien, c'est la dissolution de l'Assemblée nationale, de nouvelles élections, ou fort peu probable, la démission du président de la République qui la remettrait tout à zéro.

 

Cette démission est demandée déjà par des voix à gauche en Alsace et partout dans le pays depuis quelques temps. À droite c'est quand même relativement nouveau. Raphaël Schellenberger, c'est une voix plutôt isolée chez les Républicains. Où est-ce que c'est une demande partagée aujourd'hui cette démission d'Emmanuel Macron à droite ?

 

Les Républicains sont un petit peu coincés parce que, qui a intérêt à la dissolution ? Au fond, les seuls avoir y intérêt c'est le RN. Pour les Républicains, on ne peut pas demander la dissolution quand elle ne vous arrange pas politiquement. C'est la deuxième solution qu'on va mettre en avant, c'est-à-dire la démission du président de la République.

 

On va parler de cette hypothèse, cette demande de la part du RN en Alsace, notamment de dissoudre à nouveau l'Assemblée nationale. Mais d'abord, la démission d'Emmanuel Macron, est-ce que ça serait possible ?

 

C'est possible, mais ça dépend de lui, bien évidemment. Il me semble que psychologiquement et politiquement, dans la mesure où le président de la République fait de la politique, vous savez qu'on dit de plus en plus qu'il est très bon en tout, mais pas vraiment en politique, c'est un peu cruel, mais c'est ça. Il est très difficile psychologiquement et politiquement pour lui de démissionner. Ce serait une fin de mandat absolument catastrophique.

Comme tout homme politique, le président de la République a un égo. Je pense que c'est une solution qu'il n'envisage pas, pour l'instant, en tout cas. Il faudrait une crise ouverte beaucoup plus grave pour qu'on en arrive à cette échéance.

 

Pour parler du Parlement, donc cette demande de dissoudre à nouveau l'Assemblée nationale, qui avait déjà été dissoudre l'année dernière, au mois de juin, le député du Rassemblement national en Alsace, Théo Bernard, demande cette nouvelle dissolution. Vous l'avez abordé rapidement tout à l'heure. Le Rassemblement national a intérêt, d'après vous, en Alsace, notamment il n'y a qu'un seul député du Rassemblement national à dissoudre l'Assemblée pour gagner de nouveaux sièges ?

 

 

Bien sûr, en Alsace, peut-être même plus qu'ailleurs. Pour revenir aux dernières législatives, le Rassemblement national a fait 42% des voix en Alsace. C'est énorme, c'est de loin le premier parti. Sur 9 ou 10 députés, il pouvait en espérer 4 ou 5. Et d'ailleurs, c'était ce que moi-même j'avais pronostiqué. C'est-à-dire, techniquement, le Rassemblement national devait avoir au moins 4 députés compte tenu de l'étiage très important de ces voix. Il n'en a eu qu'un.

Le Rassemblement national a eu le sentiment d'une injustice. Beaucoup d'électeurs ont d'ailleurs eu le sentiment d'une injustice, bien évidemment. En cas de nouvelles élections, la question est la suivante : est-ce que le Front républicain qui avait permis que le Rassemblement national n'ait pas autant de députés qu'il aurait dû avoir, est-ce que ce Front républicain va être maintenu ?

Ce n'est pas certain, et si ce Front républicain s'affaiblissait, évidemment le Rassemblement national pourrait compter sur 3 ou 4 députés.

 

Alors l'année dernière, c'est finalement le nouveau Front populaire qui était arrivé en tête dans le pays lors de cette élection. Le nouveau Front populaire, donc la France insoumise, le Parti Socialiste, les écologistes et le Parti Communiste français. Un peu plus d'un an plus tard, on en est où, en Alsace, de ce nouveau Front populaire ? Est-ce qu'il est fracturé ? Est-ce qu'il est toujours uni ? Il pourrait repartir combattre en quelque sorte pour des élections législatives à nouveau ensemble ?

 

En 2024, il y avait un sentiment d'unité, un nouveau Front populaire, il y avait un élan à gauche qui avait d'ailleurs nourri ce Front républicain dont on vient de parler. Aujourd'hui, la situation n'est plus tout à fait la même et on voit bien qu'on est coincé finalement entre les législatives de 2024 et les municipales qui se profilent, car nous sommes déjà, on ne le voit pas parce que évidemment la situation politique masque un peu ça, mais on est rentré dans la campagne électorale des municipales en Alsace.

Ça commence avec des déclarations de candidature, effectivement, ça se met en place. Et on voit qu'en Alsace, d'abord, le Parti Socialiste a toujours été un peu plus proche du centre que de la gauche, en Alsace traditionnellement, déjà avec Catherine Trautman. Le Parti Socialiste qui n'est pas prêt à faire trop de concessions par rapport au radicalisme affiché de LFI.

Et on voit bien que la campagne municipale qui vient de s'annoncer a montré une fracture, à Mulhouse, mais je pense à Strasbourg évidemment, où cette fracture, elle est évidente. Les listes du Parti Socialiste, les listes de LFI, les listes des écologistes, partent en ordre dispersé et le climat n'est pas tout à fait à l'unité.

Alors est-ce que cette unité peut se refaire compte tenu de la situation politique, ou est-ce que cette unité va être difficile à constituer ? Ecoutez, ce matin, la gauche se réunit à Paris sans le Parti Socialiste. Dans une heure, la gauche va se réunir, et LFI, le parti communiste, les écologistes, sans le Parti Socialiste.

Donc on voit mal comment en Alsace, où l'écart est encore plus fort, entre encore une fois les radicaux et le Parti Socialiste qui est un petit peu plus au centre, il y a une difficulté pour la gauche à se réunir probablement, et dans le cas des législatives ça va être compliqué pour eux.

 

Alors là on parle de l'opposition effectivement à gauche, les républicains, le rassemblement national. Quand est-il du bloc central, ce fameux socle, pour la majorité présidentielle ? Est-ce qu'ils sont toujours en Alsace derrière le président de la République ? Est-ce qu'il y en a certains qui commencent à prendre leur distance, peut-être même, à complètement se séparer du président de la République aujourd'hui ?

 

Le président de la République est en train de perdre ses derniers fidèles, Gabriel Attal vient de marquer une rupture, c'est quand même quelque chose de tout à fait extraordinaire.

 

Il disait au 20h de TF1 qu'il ne comprenait plus les décisions d'Emmanuel Macron

 

Il a acté une rupture, donc il n'y a plus de blocs, il est en train d'éclater. On voit mal comment en Alsace, certains ne pensent pas à leur survie politique. Aujourd'hui s'afficher dans l'orbite macroniste, est une garantie de perdre. Donc il y a une question de survie politique, et on peut s'attendre à ce qu'effectivement, il y ait un certain nombre d'hommes politiques, de femmes politiques en Alsace qui cherchent d'autres points d'atterrissage que cet ancien bloc central.

 

Est-ce qu'il pourrait y avoir une reconstitution peut-être d'une unité de certains partis du centre qui faisaient partie jusqu'à présent de ce bloc central, de cette majorité présidentielle, qui constituerait un nouveau bloc de leur côté sans Renaissance, ou en tout cas sans soutenir le président de la République ?

 

Oui, mais là aussi avec un contexte local qui joue, cette affaire récurrente qui est une épine dans le pied d'une certaine façon, l'affaire de la région Alsace versus la région Grand Est, ça joue aussi dans la possibilité de retrouver ou non une unité.

Ecoutez, la situation est extrêmement mouvante, on va voir ce qui se passe, mais il est clair que ce n'est pas au centre qu'il faut chercher une dynamique, on est plutôt là dans une difficulté. Le jeu va se jouer d'une certaine façon entre les extrêmes, c'est-à-dire entre le Rassemblement National et la gauche, et la clé de la dynamique politique qui va s'installer dans les semaines ou les mois à venir, elle n'est plus à rechercher au centre, on va même peut-être revenir à une sorte de bipolarisation de la vie politique, c'est sans doute ça qui va se profiler avec l'éclatement du bloc central, au niveau national, comme en Alsace.

 

 

Voir la vidéo de l'émission ici : 

 

https://www.bfmtv.com/alsace/replay-emissions/bonjour-l-alsace/video-l-invite-de-bonjour-alsace-du-mardi-7-octobre-2025-philippe-breton_VN-202510070244.html

 

 

 

 



07/10/2025
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