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Brigitte Klinkert pour affaiblir Jean Rottner

 

Comme tout nouveau courant politique, la macronie recrute ses cadres parmi les membres des autres partis politiques (1). Et ce sont les Républicains qui depuis 2017 ont payé le tribut le plus lourd à ces opérations de « débauchage », qui, par leur fréquence et leur caractère systématique ont pour effet de réduire leur espace politique. Deux premiers ministres – Edouard Philippe et Jean Castex – de nombreux ministres – dont Bruno Lemaire, Gérard Darmanin et Brigitte Klinkert – ainsi que de nombreux dirigeants politiques locaux sont issus de leurs rangs.

 

La désignation de Brigitte Klinkert comme tête de liste de la macronie pour les régionales constitue un nouvel exemple de ce type d’opérations, décliné cette fois-ci à l’échelle du Grand Est.

 

Comme Jean Rottner, mais avec davantage d’ancienneté que lui, elle a effectué sa carrière politique sous l’égide du centre-droit alsacien, le courant politique majoritaire en Alsace. Elle a participé à toutes les recompositions de ce courant : elle fut successivement membre de l’UDF jusqu’en 2002, de l’UMP de 2002 à 2015 et des Républicains depuis cette date. Elle quitta les Républicains en juillet 2020 lorsqu’elle fut nommée ministre déléguée à l’insertion dans le gouvernement Castex.

 

Son principal atout contre Jean Rottner réside dans son positionnement passé sur le clivage opposant les partisans de l’Alsace à ceux du Grand-Est. En tant que présidente du conseil départemental du Haut-Rhin de 2017 à 2020, elle a participé à la création de la collectivité européenne d’Alsace alors que Jean Rottner défendait les prérogatives du Grand Est contre une éventuelle extension des compétences de cette collectivité.

 

Sur ce clivage elle est davantage en adéquation avec la sensibilité de nombreux élus LR d’Alsace (et sans doute également d’électeurs) que Jean Rottner. Certes, elle a abandonné son opposition passée au Grand-Est. Elle a effectué une opération de recentrage vers une position intermédiaire entre les « démagogues » (les partisans de la sortie du Grand-Est) et les partisans du statu-quo (Jean Rottner).

 

Mais ce recentrage ne l’empêche pas de continuer à capitaliser sur cet atout. Elle a commencé à l’exploiter dès sa déclaration de candidature en reprochant à Jean Rottner une gestion « trop centralisée » du Grand Est et en annonçant, si elle était élue, des mesures de décentralisation, avec notamment la mise en place de 3 présidents délégués, un pour chacune des anciennes régions – Alsace, Lorraine et Champagne-Ardennes.

 

Sa candidature a pour effet de déplacer encore davantage le centre de gravité du Grand Est vers des problématiques spécifiquement alsaciennes, peu audibles en Lorraine et en Champagne-Ardennes.

 

Mais si le but est de déstabiliser Les Républicains et de provoquer des dissensions internes, le jeu semble en valoir la chandelle (2).

 

Bernard Schwengler

ovipal

6 mai 2021

 

(1) Nous utilisons l’expression de macronie pour désigner l’ensemble des mouvements politiques qui soutiennent la politique d’Emmanuel Macron : La République en marche, le Modem, Agir, Territoires de progrès…

 

(2) Il sera intéressant dans les semaines qui viennent d’observer les prises de position des élus LR d’Alsace par rapport aux candidatures Rottner et Klinkert :

 

  • André Reichardt, partisan de la sortie de l’Alsace du Grand-Est, qui avait dirigé aux sénatoriales de 2020 une liste LR dissidente, avait annoncé, avant même qu’elle ne candidate, qu’il souhaitait une candidature de Brigitte Klinkert et qu’il ne voterait pas pour Jean Rottner.
  • Frédéric Biery, président de la collectivité européenne d’Alsace, a participé à la mise en place de cette collectivité avec Brigitte Klinkert. Il a soutenu la liste Reichardt aux sénatoriales de 2020, a déclaré que pour l’instant il n’était pas en mesure de choisir entre Rottner et Klinkert.
  • Quelle sera la position d’Eric Straumann, maire de Colmar et candidat aux départementales de juin 2021 dans le canton de Colmar-est, en binôme avec Brigitte Klinkert ?
  • Et que fera Justin Vogel, l’un des deux vice-présidents de la fédération des Républicains du Bas-Rhin maire de Truchtersheim, conseiller régional du Grand-Est, élu en 2015 sur les listes Richert, et qui a été exclu du groupe majoritaire en 2018 par Jean Rottner (en même temps qu’André Reichardt) ?

 

 



07/05/2021
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