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Le Haut-Rhin et le Territoire de Belfort, champions de France de la mortalité liée au coronavirus

 

Départements à taux de mortalité faible et à taux de mortalité élevé

 

Les différences de mortalité liée au coronavirus entre les départements français résultent de différences structurelles entre les départements d’une part (différences de densité, de structure par âge, de capacité sanitaire…) et de différences de chronologie en ce qui concerne le début de la propagation du virus d’autre part.

 

La comparaison entre les départements au taux de mortalité le plus faible et les départements au taux de mortalité le plus élevé permet de cerner ces deux types de différences. Dans les tableaux qui suivent, la mortalité liée au coronavirus est mesurée par le nombre de décès pour 100 000 habitants survenus à l’hôpital entre le début de la propagation de l’épidémie et le 2 mai 2020 (données publiées par Santé publique de France). Les décès survenus en maison de retraite (EPHAD) ne sont pas pris en compte. Par ailleurs, pour chaque département le taux de mortalité liée au coronavirus est mis en relation avec la densité (nombre d’habitants au kilomètre carré)

 

 

Tableau 1 : les 8 départements au taux de mortalité le plus faible

 

département

mortalité

densité

département

mortalité

densité

Cantal

3,5

25

Lot et Garonne

2,1

62

Charente

3,1

59

Tarn et Garonne

1,5

69

Landes

2,4

44

Ariège

1,3

31

Dordogne

2,2

46

Lozère

1,3

15

 

 

Les départements au taux de mortalité le plus faible se situent dans le sud-ouest de la France. Ces départements sont des départements ruraux à faible densité de population. Une faible densité de population a pour effet une faible densité de contact, ce qui freine la propagation du virus. Dans ces départements, même en cas d’une présence précoce du virus, son rythme de propagation était faible.

 

Tableau 2 : les 10 départements au taux de mortalité le plus élevé

 

département

mortalité

densité

département

mortalité

densité

Ter. Belfort

108

234

Vosges

65

63

Haut-Rhin

91

217

Haut de Seine

54

9 164

Paris

69

20 754

Seine st Denis

50

6 871

Val de Marne

67

5 665

Bas-Rhin

48

237

Moselle

65

168

Meuse

47

30

 

 

Les 10 départements au taux de mortalité le plus élevé sont constitués de 2 groupes distincts de départements :

 

 

Il y a d’une part les départements de la région parisienne (départements en italique dans le tableau). Leur taux de mortalité élevé peut être mis en relation avec leur densité élevée, favorable à une propagation rapide du virus. La différence entre ces départements et les 8 départements précédents est d’ordre structurelle et porte essentiellement sur la densité de population.

 

Il y a d’autre part des départements de l’est de la France (Haut-Rhin, Moselle, Vosges…). Ils figurent en gras dans le tableau. La mortalité élevée dans ces départements résulte du caractère précoce de la propagation du virus dans ces départements, qui s’est développée à partir de l’épicentre de Mulhouse à partir de la seconde moitié du mois de février (rassemblement évangéliste des 17 au 21 février).

Le décalage dans le temps entre les courbes de mortalité.

 

Le Haut-Rhin et le Territoire de Belfort, les deux départements les plus proches de l’épicentre mulhousien ont été atteints dès la fin du mois de février. Avec quelques jours de décalage, l’épicentre mulhousien s’est fait également sentir dans les départements limitrophes ou quasi-limitrophes, les Vosges, le Bas-Rhin et la Moselle.

 

Les mesures de confinement ont été mises en place de façon uniforme dans l’ensemble de la France à partir du 17 mars. Elles ont eu pour effet d’assécher la propagation du virus dans l’ensemble des départements. Mais pour les départements proches de l’épicentre mulhousien (ou d’un autre épicentre précoce) leur mise en place est intervenue plusieurs semaines après le début de la propagation du virus, qui avait déjà atteint un niveau relativement élevé. Il en va de façon différente dans les départements atteints par le virus plus tardivement (1)

 

Si l’on fait abstraction des différences structurelles entre les départements (différences de densité), les différences de mortalité entre les départements résultent des différences de durée entre le début de la propagation du virus et la mise en place du confinement.

 

Une comparaison entre la progression de la mortalité dans le Haut-Rhin d’une part et dans le département de la Loire d’autre part, deux départements relativement proches en termes de nombre d’habitants et de densité, permet d’illustrer ce phénomène.

 

 

Le 18 mars, au début du confinement, le Haut-Rhin enregistrait 74 décès à l’hôpital liés au coronavirus (3 semaines après le début de la propagation du virus dans ce département) contre 1 décès pour la Loire, qui en était au début de la propagation. Le chiffre de 74 décès fut atteint dans la Loire le 1 avril, ce qui correspondait à un décalage de deux semaines avec le Haut-Rhin. Mais le 1e avril, le Haut-Rhin en était à 470 décès. A partir du début du mois d’avril, la croissance de la mortalité eut tendance à ralentir dans chacun des deux départements mais à partir de niveaux qui étaient très différents. Le 2 mai le nombre de personnes décédées était de 692 dans le Haut-Rhin (91 décès pour 100 000 habitants) et de 191 dans la Loire (25 décès pour 100 000 habitants).

 

Dans la mesure où le 2 mai, le taux de décès lié au coronavirus dans le département de la Loire correspondait au taux moyen national (25 décès pour 100 000 habitants), on peut considérer, par extrapolation, que si les mesures de confinement avaient été mises en place au niveau national, non pas le 17 mars, mais au début du mois d’avril, le rythme de progression de la mortalité au niveau national aurait été le même que dans le Haut-Rhin. Le nombre de décès à l’hôpital liés au coronavirus aurait été près de 4 fois plus élevé. En réalité, il aurait été probablement encore plus élevé en raison de la saturation des hôpitaux.

 

Bernard Schwengler

ovipal

7 mai 2020

 

 

 

(1) L’épicentre de Mulhouse ne fut pas le seul foyer précoce de propagation du virus. Mais c’est lui qui a eu le plus d’influence. A titre de comparaison, le département de l’Oise, où se trouvait un autre foyer initial important de propagation du virus, enregistrait 6 décès le 18 mars (contre 74 pour le Haut-Rhin), 90 décès le 30 mars (contre 380 pour le Haut-Rhin) et 333 décès le 2 mai (contre 692 pour le Haut-Rhin).

 



07/05/2020
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