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L’effet LREM sur les formations politiques centristes et de droite en Alsace

La droite traditionnelle et les composantes centristes, dominantes dans les petites ou moyennes villes d’Alsace, n’ont pas du tout eu besoin de LREM pour constituer leurs listes ! Elles n’ont pas, non plus, eu à subir la concurrence de listes LREM, plus qu’absentes. Seules 4 communes à « dimension métropolitaine » sont concernées. 

 

L’onde politique, portée en 2017 avec l’irruption de la nouvelle formation politique LREM, n’aura pas eu d’impact sur les éventuelles (re)compositions politiques pour ces élections municipales en Alsace.

 

Globalement, pour l’ensemble des communes d’Alsace, l’effet LREM ne se comptera que … sur les doigts d’une seule main … et principalement à l’échelle des communes à « dimension métropolitaine » (Strasbourg, Mulhouse et Colmar) et aussi à Schiltigheim, ville satellite de 31000 habitants - qui reste directement « connectée » à l’orbite politique de l’Eurométropole Strasbourgeoise.

 

Lors des élections législatives de 2017, la nouvelle formation politique présidentielle avait été en mesure de conquérir 5 circonscriptions (sur 9) dans le département du Bas-Rhin et une seule dans le Haut-Rhin (sur 6) (cf. notes). Cela avait fait réfléchir la classe politique alsacienne. La question qui méritait d’être posée était la suivante : le phénomène LREM allait-il concurrencer les formations politiques traditionnelles de Droite et du Centre en Alsace, notamment pour les municipales ?

 

Le questionnement des élus locaux alsaciens face aux nouveaux députés LREM

 

La question paraissait d’autant plus fondée que, dans chacune des circonscriptions gagnées, la victoire du candidat (LREM ou Modem) l’avait souvent été au détriment d’une personnalité politique détenant un mandat de Maire ou d’adjoint au Maire : pour le Bas-Rhin, Eric Elkouby et Philippe Bies (PS et Adjoints au Maire de Strasbourg), Georges Schuler, maire de Reichstett (LR), Sophie Rohfritsch (LR) maire de Lampertheim et Étienne Wolf (LR) maire de Brumât avaient été battus ; pour le Haut-Rhin, Francis Hillmeyer (LR), maire de Pfastatt avait été défait de son mandat de député sortant (cf. notes).

 

Les élus communaux allaient-ils être affectés par l’avènement de la nouvelle formation présidentielle à l’occasion de ces élections communales ?

 

LREM, un phénomène purement « métropolitain »

 

En Alsace, seules 4 villes d’Alsace (deux dans le Bas-Rhin et deux dans le Haut-Rhin) affichent une liste se réclamant du label LREM : ce sont les villes de Strasbourg (une liste), de Mulhouse (2 listes dont une dissidente), de Colmar (une liste LREM et une Modem) et de Schiltigheim (une liste). Seules ces communes comporteront des listes LREM, dûment authentifiées qu’elles soient légitimées par le national ou dissidentes.

 

L’emprise de la formation LREM n’est directement reliée qu’à la dimension de métropole : une ville qui, à la tête d'une aire urbaine importante, de par sa grande population et de par ses activités économiques et culturelles, permet d'exercer des fonctions organisationnelles sur une importante partie de la région dans laquelle elle occupe une place prépondérante. Une ville de région qui doit également composer avec Paris et le gouvernement. C’est le cas bien sûr le cas de Strasbourg et de Mulhouse ; cela fonctionne, même à taille plus réduite, pour Colmar ; la ville de Schiltigheim constituant l’exception, avec ses 31 000 habitants, mais se situant dans le prolongement de Strasbourg. Notons qu’au sein de l’Eurométropole, la Cité des Brasseurs joue dans la cour des grands puisqu’elle se « dispute » toujours avec Strasbourg sur des enjeux majeurs de politique d’aménagement urbain : par exemple, pour le tracé de la future ligne de tramway ou encore, pour l’implantation du futur complexe cinématographique.

 

L’inscription des listes LREM à Strasbourg, Mulhouse et à Colmar (voire à Schiltigheim) montre que l’enjeu politique se situe à l’échelle des électorats urbains des grandes villes alsaciennes où se dessinent les modes de vie urbains, principalement à destination des classes moyennes. LREM n’a pas d’emprise sur les mondes du rural et du péri-urbain.

 

Un mécanisme de recyclage local en vue d’accéder au pouvoir

 

Sont également à signaler, pour ces grandes villes urbaines, des mécanismes de recyclage au sein des partis traditionnels, tel le passage d’Alain Fontanel (PS et 1er adjoint au Maire Strasbourg) optant pour la constitution d’une liste LREM ou celui des deux candidates LREM à Mulhouse (toutes deux transfuges de LR) ; à Colmar, le candidat (Modem) Tristan Denéchaud, déjà conseiller municipal à Colmar et suppléant d’Éric Straumann au Département cherche sa définir place face à l’indétrônable maire qu’est Gilbert Meyer… Bref, des mécanismes de recyclage qui peuvent contribuer aux yeux des électeurs au discrédit de la « classe politique locale » et renforcer l’abstentionnisme. Les stratégies choisies dans les programmes des candidats visent à opérer un articulation entre promotion d’un « entre-soi urbain » et nécessité de composer avec une mixité sociale, équilibre dépendant essentiellement de l’histoire politique propre à chaque métropole.

 

LREM, sans implantation politique dans les petites et moyennes villes

 

Partout ailleurs en Alsace, le phénomène qui transparaît est celui de la « centrisation » des listes électorales oscillant dans un spectre allant du sigle DVD à DVG en passant par celui de DC (divers centre) … La référence à LREM n’a pas été nécessaire. A l’exception de Schiltigheim pour le Bas-Rhin, ni les communes d’Illkirch ou de Sélestat - atteignant ou dépassant le seuil des 20 000 habitants- ne sont concernés par ces questionnements politiques. Pas même Haguenau avec ces 34 000 habitants. Ces villes d’Alsace sont moins sous l’emprise d’une culture urbaine.

 

C’est également le cas pour la totalité des villes du Haut-Rhin qui -à l’exception de Mulhouse et de Colmar- sont bien plus marquées par des spécificités rurales et péri-urbaines. Il n’est pas étonnant que lors des dernières élections législatives, seule la 6ème circonscription de ce département ait été remportée par le Modem. Mais peut-être s’agissait-il d’une victoire en trompe-l’oeil. Il est à noter que Bruno Fuchs, l’actuel député pour cette circonscription est le fils de Jean-Paul Fuchs, ancien député UDF du Haut-Rhin. Les candidats LR de toutes les autres circonscriptions du Haut-Rhin avaient battu un candidat LREM.

 

Il nous faut tirer le constat que la nouvelle formation présidentielle LREM n’aura pas d’implantation à l’échelle des petites ou des vielles moyennes en Alsace. Seule les métropoles comme Strasbourg et Mulhouse seront principalement touchées à l’occasion de ces élections, par un effet de recyclage, pour sa classe politique locale. Le futur de cette formation « peau de chagrin » à l’échelle des communes alsaciennes, ne devra sa survie en Alsace qu’au résultat des prochaines présidentielles.

 

Pascal Politanski

ovipal

10/03/2020                                                                  

                                                                                       

 

Notes

 

 

Circonscriptions du département du Bas-Rhin.                                 

1re :   Thierry Michels (LREM : face à Eric Elkouby - Adjoint au maire - PS)

2e :   Sylvain Waserman (MoDem: face à Philippe Bies - Adjoint au maire - PS)

3e :    Bruno Studer ( LREM : face à Georges Schuler maire de Reichstett - LR)

4e :    Martine Wonner (LREM (face à Sophie Rohfritsch -LR, maire de Lampertheim)

5e :    Antoine Herth LR (réélu)

6e :    Laurent Furst LR (réélu)

7e :    Patrick Heizel LR (réélu)

8e :    Frédéric Reiss LR (réélu)

9e :    Vincent Thiébaut (LREM (face à Étienne Wolf -LR, maire de Brumath)

 

Circonscriptions du département du Haut-rhin.                                        

1re : Éric Straumann LR ( face à Stéphanie Villemin-LREM)          

2e : Jacques Cattin LR (face à Hubert Ott LREM-MoDem)            

3e : Jean-Luc Reitzer LR (Patrick Striby-LREM)

4e : Raphaël Schellenberger LR (Aurélie Tacquard-LREM)

5e : Olivier Becht DVD  (face à Cécile Lehr-LREM)

6e : Bruno Fuchs LREM (face à Francis Hillmeyer (LR), député sortant, maire de Pfastatt. (à noter que Bruno Fuchs est le fils de Jean-Paul Fuchs, député UDF de la première circonscription du Haut-Rhin puis de la deuxième)

 



10/03/2020
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