Le TER entre perturbations et métropolisation
Des perturbations fréquentes
Depuis le mois de décembre 2022, les perturbations dans le TER (Train express régional), sous la forme de retards ou de suppressions de trains de dernière minute, sont devenues l’un des thèmes dominants de l’actualité régionale, du moins dans le Bas-Rhin.
Ces perturbations résultent du lancement du REME (réseau express métropolitain européen). Présenté comme l’équivalent strasbourgeois du RER parisien, mais utilisant les lignes existantes du TER, le REME devait permettre une forte augmentation du nombre de trains. 1000 trains supplémentaires par semaine avaient été annoncés, correspondant à une hausse du trafic de 43 % (800 trains supplémentaires dès décembre 2022, suivis de 200 nouveaux trains à partir d’août 2023).
Pour l’instant, le moins que l’on puisse dire est que les choses ne se sont pas passées comme elles avaient été annoncées. Ce soi-disant « choc d’offre » s’est traduit dans la réalité quotidienne des usagers par de nombreuses perturbations (horaires modifiés, trains en retard ou tout simplement supprimés). Reconnaissant que ces perturbations se traduisaient par des désagréments pour les usagers, la région Grand-Est ainsi que la SNCF ont décidé de faire amende honorable en divisant par deux le prix des abonnements mensuels pour les mois de février, mars et avril. Le discours qu’essaient de faire passer la région Grand-est et la SNCF est que ces perturbations résulteraient des difficultés à absorber d’un seul coup une augmentation du nombre de trains d’une telle ampleur et qu’elles ne seraient que transitoires.
Une métropolisation autour de Strasbourg
En fait, derrière ce « choc d’offre » et ces « perturbations transitoires » se cache une refonte généralisée du transport ferroviaire dans le Bas-Rhin, dans le sens d’un renforcement des liaisons entre Strasbourg et les villes situées à proximité de Strasbourg et d’un affaiblissement des autres liaisons. La position des gares, qui bénéficient d’une liaison REME avec Strasbourg, est renforcée. Il s’agit des gares de Haguenau (30 km au nord de Strasbourg), Saverne (40 km à l’ouest), Molsheim (25 km au sud-ouest) et Sélestat (50 km au sud). Entre ces gares et Strasbourg, le REME offre un service de transport beaucoup plus dense que l’ancien TER. En revanche, pour les autres gares, c’est-à-dire pour les gares situées au-delà de ces villes et qui ne sont par conséquent pas concernées par le REME, ainsi que pour les petites gares situées sur les lignes du REME, le service se dégrade. C’est le cas par exemple au nord pour la ligne Wissembourg – Haguenau. Les horaires ont été décalés et certaines petites gares sont moins desservies. Il en va de même dans la vallée de la Bruche au-delà de Molsheim.
En fait la mise en place du REME correspond à une métropolisation autour de Strasbourg de l’offre de transport ferroviaire. Et les usagers qui habitent en dehors des zones du REME ou de façon plus générale à proximité des petites gares, sont incités à prendre leur voiture et à les garer dans des parkings de grande dimension qui ont été construits ou sont en train de l’être à Haguenau, Molsheim ou Sélestat.
Réduire la pollution…ou la déplacer
Du point de vue de Strasbourg et de sa municipalité « verte » la mise en place du REME correspond à un grand pas vers une offre de transport plus écologique (qui permet une réduction des rejets de CO2). Mais il n’est pas certain que ce soit le cas si on se place du point de vue de l’ensemble du Bas-Rhin et de ses parties rurales.
Bernard Schwengler
5 février 2023
OVIPAL
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