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La fragmentation politique en marche : le cas de la ville de Strasbourg

Dans un article précédent nous avions analysé le processus de fragmentation politique à l’œuvre au conseil régional du Grand est (cf. La fragmentation politique en marche. Le cas du Grand Est). Un processus analogue peut être constaté en ce qui concerne le conseil municipal de Strasbourg.

 

Les groupes de 2014 à 2017

 

Au lendemain des élections municipales de mars 2014, le conseil municipal de Strasbourg était constitué de 5 groupes :

  • Les deux groupes de la majorité municipale :
    • Socialistes et alliés (Ries) : 38 membres (soit la majorité absolue)
    • Verts (Jund)    : 10 membres
  • Les trois groupes d’opposition
    • LR et alliés (Keller)           : 13 membres
    • UDI (Loos)          : 2 membres
    • FN (Schaffhauser)          : 2 membres

Cette configuration ne survécut pas à la recomposition politique de 2017.

 

Scissions dans la majorité...

 

Chacun des deux groupes de la majorité municipale connut une scission en juin 2017, suite à la création quasi-simultanée de deux nouveaux groupes :

  • Le groupe Strasbourg en Marche (une dizaine de membres, principalement des ex-socialistes, pro-macron, rejoints par une conseillère municipale Modem, qui avait été élue sur la liste Keller)
  • Le groupe La coopérative (8 membres, avec d’une part des ex-socialistes, sympathisants Hamonistes ou Insoumis et d’autre part des ex-verts). Le groupe La coopérative se scinda à son tour en octobre 2018, la moitié de ses membres (4 sur 8) allant siéger chez les non inscrits.

 

Et dans l’opposition...

 

Le groupe LR et alliés (Keller) quant à lui, ne résista pas au clivage intervenu au niveau national entre les LR macrocompatibles, les fameux constructivistes, qui avaient crée le mouvement Agir, rejoint par Fabienne Keller, et les LR fidèles à Laurent Wauquiez. Il se scinda au printemps 2018 en deux groupes d’importance numérique égale (6 membres chacun) :

  • Le groupe Strasbourg à vos côtés (Keller)
  • Le groupe Strasbourg en mouvement (LR pro-Wauquiez et alliés)

 

 

Une coalition de fractions

 

Alors qu’à la région Grand est, la fragmentation n’atteignit les anciens groupes qu’à la marge sans mettre en danger la prédominance arithmétique du groupe majoritaire, au conseil municipal de Strasbourg, les scissions atteignirent le cœur des groupes existants, aussi bien pour le principal groupe d’opposition (Keller), scindé en deux parties égales, que pour le groupe socialiste et alliés, qui, en passant de 38 à 23 membres, a perdu sa position majoritaire. Et à la différence de Jean Rottner à la région, qui rejeta les scissionnistes d’Alsace et territoires dans l’opposition et leur retira leurs délégations, Roland Ries, ayant besoin pour conserver sa majorité du soutien des différences fractions qui en sont issues, décida de se mettre à égale distance entre elles en s’inscrivant chez les non-inscrits. La ville de Strasbourg présente ainsi la situation, baroque dans la culture politique française de la V° République, mais courante dans les pays habitués à des gouvernements de coalition, d’être dirigée par un maire non inscrit, soutenu par 5 fractions, ayant chacune des adjoints, qui s’opposent sur les questions de politique générale et sont en compétition dans la perspective des élections municipales de 2020 :

  • Socialistes et alliés (rebaptisés Energies positives, élus socialistes et de la société civile)
  • Strasbourg en marche
  • La coopérative
  • Ecologistes et citoyens
  • Les non-inscrits ayant quitté La coopérative

 

Une compétition ouverte

 

Il va sans dire que pour 2020, alors que les candidats à la candidature commencent d’ores et déjà à se presser au portillon (Philippe Bies et Robert Herrmann pour les socialistes, Jean-Philippe Vetter et Jean-Philippe Maurer pour les LR tendance Wauquiez) et que d’autres suivront de façon très probable (Paul Meyer pour les Hamonistes, Alain Fontanel pour les Macronistes), la compétition est très ouverte et tout pronostic électoral serait hasardeux. Il est cependant possible d’esquisser certaines questions :

  • Quelle sera le rapport de force entre les différents groupes issus de l’actuelle majorité municipale ? Les macronistes réussiront-ils à réitérer leur victoire des législatives de 2017 sur les socialistes, où Philippe Bies et Eric Elkouby avaient perdu leurs sièges de député ? Ou bien la vague macroniste de 2017 n’aura-t-elle été qu’un feu de paille ?
  • Quelle sera le poids électoral de la liste LR ? En 2014, la liste UMP, dirigée par Fabienne Keller, avait frôlé la victoire ? Mais peut-on comparer LR de Wauquiez à l’UMP de Sarkozy ? Et à Strasbourg, quelle sont les chances de LR, sans Fabienne Keller ?
  • Quelles seraient les chances d’une liste (ou d’une alliance de second tour) rassemblant les « macronistes des deux rives », les macronistes canal historique d’Alain Fontanel, issus du PS, et les constructivistes macro-compatibles de Fabienne Keller, issus de l’UMP-LR ? Certes, la constitution d’une telle liste supposerait que soit réglée l’épineuse question de la tête de liste. Mais des solutions existent. Fabienne Keller, qui a une certaine expérience en la matière, pourrait proposer à Alain Fontanel un tandem.

 

Bernard Schwengler

ovipal

23 février 2019                                                                       

                                                                                                        

 

La fragmentation politique en marche, le cas du Grand est



23/02/2019
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