La tentation de la radicalité
La tentation de la radicalité
Il n'aura échappé à personne que les élections qui viennent de se dérouler ont permis à un certain nombres de candidats qui avait mis la radicalité au centre de leur programme d'être élu sur les bancs les plus extrêmes de l'Assemblée nationale.
D'une façon plus générale, la radicalité, si l'on peut dire, revient aujourd'hui sur le devant de la scène. De nombreuses causes, pour se faire entendre, doivent se se présenter comme radicale. Le féminisme se doit d'être radical, l'écologie est radicale, la droite est radicale, la gauche est radicale. La radicalité est à la mode, elle devient la bonne méthode pour résoudre tous les problèmes. Au dernier festival de Cannes, le travail d'une réalisatrice a été loué non pour sa créativité ou son originalité, mais pour sa radicalité, comme si c'était une vertu essentielle, l'emportant sur toutes les autres qualités.
La radicalité est pourtant une forme de brutalisation du réel, un projet de rupture et de déchirure, voire d'éradication ; c'est l'opposé du dialogue, de l'entente, de la recherche du compromis, de la douceur et de tout ce qui permet de vivre ensemble.
Pourtant, la radicalité est bien en train de devenir une valeur, donc quelque chose de positif, de désirable, de vertueux.
Est-ce que cela n'a pas toujours été le cas ?
Non, pendant longtemps, la radicalité a été plutôt un repoussoir. Elle servait à désigner des comportements intransigeants, déplacés, plutôt asociaux.
En fait, il faut remonter à la Renaissance, il y a quelques siècles, où face à la brutalité et la violence des mœurs du Moyen âge, s'est exprimé un désir de ce que l'on a appelé alors la civilité. L'idée de trancher dans le vif, au sens propre comme au sens figuré, est devenu progressivement obsolète. Le modèle du gendre idéal, celui à qui on donne sa fille, est passé du guerrier colérique et radical, à celui de l'homme calme et civilisé, qui choisit plutôt le dialogue et les solutions négociés, la poésie plutôt que la guerre, la douceur plutôt que la violence, la parole plutôt que l'affrontement.
Les mœurs se sont progressivement pacifiées. Au fur et à mesure que la radicalité reculait, notre société a gagné en tranquillité, elle a vu se libérer des énergies nouvelles. Il y a eu bien sûr des retours en arrière, philosophique par exemple, avec Nieztsche, qui prône un retour à l'Homme du Moyen âge, brutal et dominateur, avec les régimes meurtriers et génocidaire du XXème siècle, qui ont fait, justement, ou encore avec l'Islam radical, qui transforme ses adeptes en meurtriers fanatiques.
Notre époque serait-elle en train de se transformer, de revenir en arrière, d'oublier les vertus de la douceur et du dialogue ? L'assemblée nationale qui rentrera en fonction demain matin donnera-t-elle l'exemple de l'échange pacifique pour construire notre destin commun dialogue ou cédera-t-elle à la tentation de la radicalité ? Nous verrons.
Mais tout cela, en tout cas, nous indique que notre société est en crise, qu'elle est bousculée dans ses fondements et qu'il est encore temps, peut-être, qu'elle se ressaisisse.
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