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Strasbourg : peut-on prévoir le résultat des élections municipales en identifiant l'électorat pivot ?

Peut-on prévoir le résultat des élections municipales ? Bien sûr que non ! En politique les retournements de dernière minute sont toujours possibles. Cependant on peut construire quelques indicateurs intéressants, en parallèle des sondages, qui eux ne font que donner, très approximativement, les tendances à un instant T. L'enjeu est ici d'identifier à travers ces indicateurs la petite fraction de l'électorat qui va être "faiseuse de Roi".

 

Ces indicateurs doivent faire appel à l'analyse des mouvements profonds de l'électorat, sur la longue durée et en fonction de paramètres sociologiques et socio-économiques. C'est pourquoi se concentrer sur les affrontements politiques, les petites phrases, les positions sur leurs chaises des hommes et des femmes politiques lors des débats électoraux, ne permet guère d'y voir plus clair. Ce serait confondre le spectacle et la réalité, l'écume et la vague.

 

 

Les tendances de fond

 

Concernant Strasbourg, nous disposons de plusieurs indicateurs de fond.

 

D'abord la carte électorale, avec ses différences couches, économiques, sociologiques, politiques. Regardons par exemple, la carte électorale du FN/RN. Comme toujours le RN est en périphérie. C'est un parti de la périphérie qui assiège le centre, des classes populaires qui ont fait sécession avec les « élites » (à moins que ce ne soit l'inverse...). Le FN/RN (avec DLF et Les patriotes) dispose d'un socle faible mais très stable à Strasbourg, entre 10 et 17%. Il y a fort à parier, compte-tenu du peu d'investissement de sa tête de liste, que ce chiffre ne variera pas et que la carte électorale du FN restera constante.

 

Constant aussi, si l'on peut dire, la baisse de l'implication électorale des électeurs issus de l'immigration (et qui votaient plutôt à gauche), pour cause de sécession communautaire. Certains bureaux de vote dans ces quartiers ne votent plus qu'à 15 ou 20%, là où la participation augmente par exemple dans des quartiers comme la Robertsau, plus marqués à droite).

 

Autre indicateur, assez nouveau celui-là, la constance entre les résultats des élections européennes et les sondages sur les municipales. Là où disait toujours que les résultats des européennes n'étaient pas transposables, il faut peut-être admettre cette fois-ci que le mouvement de fond de l'opinion qui s'était manifesté aux européennes est resté stable. Cela voudrait dire que les enjeux locaux jouent un rôle moins important que dans de précédentes élections municipales.

 

L'ovipal avait fait, en juin dernier, une analyse des élections européennes et une proposition de transposition qui s'avère cohérente avec le résultat des sondages, notamment dans l'hypothèse d'un bloc Larem/LR, face à un bloc PS/extrême gauche/verts, avec un léger avantage pour ce dernier.

Le seul changement intervenu dans ce schéma stable, est l'irruption, suite aux péripéties que l'on sait, de la candidature de Catherine Trautmann, sorte de canal historique d'un PS par ailleurs en voie de décomposition. Sa remontée aux alentours d'un inespéré 17% ne change toutefois pas la donne car, au niveau du premier tour en tout cas, elle a aspiré des voix aussi bien à la gauche de Larem qu'à la droite des verts.

 

L'électorat pivot

 

Même si l'hypothèse reste toujours possible (on a déjà tout vu à Strasbourg...), son alliance avec Larem au deuxième tour paraît peu probable.

 

L'affrontement entre les deux blocs Larem/LR, face à un bloc PS/extrême gauche/verts, au deuxième tour, voire au troisième tour, au moment des alliances dans l'hémicycle, paraît donc plus que probable.

Mais si l'on garde le cadre de la transposition du mouvement de fond des européennes aux municipales, les deux blocs sont dans un mouchoir de poche à l'arrivée.

 

Dans cette hypothèse, le pivot de l'élection pourrait bien être une fraction de l'électorat de gauche, ou issu de la gauche, qui hésite entre Larem et les verts. Une alliance entre Larem et LR pourrait faire fuir quelques uns de ces électeurs ralliés et une claire alliance entre Trautmann et les verts accélérer ce mouvement. Mais le radicalisme des verts, leur alliance pesante avec l'extrême gauche, pourrait aussi pousser des électeurs de gauche à choisir la raison avec Fontanel.

 

Quels est cet électorat pivot ? On peut assez facilement le localiser, il se situe dans ce nouveau centre que constitue la bulle Krutenau-Neudorf. Il est constitué de classes moyennes à cheval entre les nouvelles formes de commerce et les nouvelles technologies. Il déplace ses enfants en vélo-cargo. Il a entre 30 et 45 ans, pas jeune, mais pas encore vieux... Cet électorat représente sans doute à peine 5 % des votants, mais c'est probablement lui qui décidera du résultat de l'élection, dont il est le pivot.

 

Philippe Breton

ovipal

8 mars 2020

 

 

 

 

 

 



08/03/2020
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